Publié le 25/10/2023
La vaccination contre le SARS-CoV-2 a montré son efficacité pour réduire les infections, les hospitalisations et la mortalité, mais la protection s'estompe avec le temps, même après un rappel. Par ailleurs, le taux de vaccination de rappel est faible en raison de préoccupations concernant les effets secondaires et de la perception d'une protection insuffisante.
Des données récentes ont suggéré que des symptômes systémiques plus importants après la vaccination contre le SRAS-CoV-2 pourraient refléter une réponse immunitaire plus puissante. Une étude explore la relation entre les symptômes post-vaccinaux et la réponse à long terme en anticorps neutralisants, dans le but de mieux comprendre cette association et d'informer la politique de santé publique.
Une étude à la recherche de facteurs prédictifs de la réponse immunitaire
Il s'agit d'une étude observationnelle menée aux Etats-Unis sur des adultes ayant reçu une série de deux doses des vaccins BNT162b2 ou mRNA-1273. Les participants ont rapporté les symptômes survenus pendant les 6 jours suivant chaque vaccination, parmi 13 symptômes proposés, et des mesures biométriques objectives, telles que la température corporelle, la fréquence cardiaque, la variabilité de la fréquence cardiaque et de la fréquence respiratoire, ont été collectées à l'aide d'un dispositif portable dans un sous-groupe de participants, pendant les mêmes périodes.
Les anticorps neutralisants ont été dosés dans le sérum avant, et 1 et 6 mois après le schéma vaccinal complet ; les résultats sont exprimés en dilutions inhibitrices ID50. Un antécédent d'infection par le SARS-CoV-2 a été recherché en mesurant les niveaux d'anticorps IgG anti-spike au début de l'étude et d'anticorps IgG anti-nucléocapside à 6 mois. Les participants ayant obtenu un résultat positif à l'un ou l'autre de ces tests ont été exclus. L'analyse statistique a inclus des modèles à effets mixtes pour examiner la relation entre les symptômes, les mesures biométriques et les niveaux d'anticorps neutralisants.
Plus de symptômes post-vaccination, plus de protection
Au total, 346 sujets ont été inclus dans l’étude. Les symptômes les plus souvent rapportés après chaque dose étaient une réaction au site d’injection, une fatigue, des douleurs musculaires et des céphalées. Après correction pour les comparaisons multiples, aucun effet statistiquement significatif de la présence ou de l'absence de symptômes suite à la première dose n'a été identifié.
Un et 6 mois après la deuxième dose du vaccin, les taux d'anticorps étaient 1,6 fois plus élevés chez ceux qui ont signalé des frissons (+0,21 dans le logarithme ID50, p = 0,001), 1,5 fois plus élevés chez ceux qui ont signalé une fatigue (+0,17 log ID50, p = 0,004), 1,5 fois plus élevés en cas de sensation de malaise (+0,17 log ID50, p = 0,003) et 1,4 fois plus élevés en présence de céphalées (+0,15 log ID50, p = 0,004). Chaque symptôme supplémentaire signalé après la deuxième dose prédisait une augmentation de 1,1 fois des anticorps neutralisants (+0,042 log ID50 par symptôme supplémentaire, p < 0,001).
Les mesures biométriques, telles que l’élévation de la température corporelle et de la fréquence cardiaque après la 2ème dose, étaient également prédictives de niveaux plus élevés d'anticorps neutralisants. Un changement d'1 degré Celsius de la température corporelle prédisait 300 % de plus d'anticorps neutralisants 6 mois plus tard (+0,26 log ID50, p < 0,001). Une majoration de 10 battements par minute de la fréquence cardiaque prédisait une augmentation de 1,5 fois des taux d'anticorps (+0,19 log ID50, p = 0,029).
Ces résultats suggèrent que les symptômes post-vaccination, en particulier après la deuxième dose, sont associés à une réponse immunitaire significativement plus forte. Les symptômes tels que frissons, fatigue, malaise et céphalées, étaient les plus prédictifs. De plus, le nombre de symptômes était corrélé à des niveaux plus élevés d'anticorps. Les mesures biométriques, telles que le changement de température corporelle et de fréquence cardiaque, étaient également prédictives de taux plus élevés d'anticorps neutralisants, en particulier à long terme.
Quelques limites sont à souligner. Tout d’abord, les résultats concernent des individus ayant reçu uniquement la série de vaccination initiale et n'incluent pas les données sur les rappels. De plus, les résultats sont basés sur une mesure d'anticorps neutralisants liée à la protéine spike du virus d'origine, ce qui peut ne pas refléter la réponse à des variants plus récents. Enfin, l'étude se concentre sur l'immunité humorale et ne tient pas compte de l'immunité cellulaire.
Ces résultats pourraient contribuer à encourager une perception plus positive des symptômes post-vaccination et à améliorer la couverture vaccinale. Cependant, d'autres recherches sont nécessaires pour explorer davantage cette association et ses implications.
Dr Alessia Melzani
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