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dimanche 29 octobre 2023

Billet L’avenir appartient aussi à ceux qui se rendorment


 


par Sabrina Champenois   publié le 20 octobre 2023 

Selon deux études menées par des chercheurs de l’université de Stockholm, un petit rab de sommeil matinal n’a pas d’effets indésirables.

Se carapater sous la couette et essayer de tout oublier, ne serait-ce que quelques heures, voire quelques minutes : qui dit mieux, ces temps-ci ? Le chaos mondial en cours et l’avalanche de raisons de douter de l’humanité qu’il charrie accentuent encore la tentation d’activer la touche snooze («roupillon», «petit somme») du réveil, qui permet de répéter le clairon matinal. Se lever d’un bond pour replonger dans ce monde toujours plus brutal, à quoi bon ?

C’est sans compter l’adage «L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt», qui stigmatise les marmottes – dont on fait partie. Il est une variante d’une phrase écrite au XIXe siècle par l’écrivain français Henry Gauthier-Villars, dit Willy. Il faut dire qu’à l’époque, l’électricité ne courait pas le monde, et les habitués de l’aube étaient nécessairement plus productifs que les traîne-au-lit. Mais, la fée a beau s’être popularisée, l’idée perdure qu’un lever matinal garantit une efficacité plus grande. Les matinaux (et ceux qui dorment peu) seraient les winners, les locomotives versus les lents à l’allumage qui regrouperaient des ados ralentis par les hormones et des adultes mous du genou incapables d’empoigner la vie sans trembler.

Afflux de stress

En 2019, Eve Sleep, une entreprise américaine de vente en ligne de matelas haut de gamme, a encore lesté la barque en affirmant que le réveil en plusieurs temps a carrément un impact négatif sur l’organisme. Au point de demander à Apple de ne plus intégrer la fonction snooze dans la prochaine mise à jour iOS, paroles d’experts en neurosciences à l’appui. L’un d’eux, Matt Janes, pointait que chaque retentissement provoque la sécrétion d’une dose de cortisol (hormone du stress) destinée à pousser la personne à se réveiller. D’où un afflux de stress. Sans compter qu’un sommeil haché n’est pas réparateur.

Alors merci à la Suède. Plus exactement à deux études suédoises rendues publiques mercredi 18 octobre, dont on apprend l’existence par Sciences et Avenir. Les chercheurs de l’université de Stockholm se sont d’abord penchés sur le profil des utilisateurs de la fonction snooze avec un questionnaire auprès de 1 732 personnes, puis sur l’impact du rendormissement matinal, via 31 personnes soumises à différentes situations : sommeil ininterrompu et lever immédiat, ou premier réveil une demi-heure avant le lever effectif.

«Effets positifs»

Titrées «Vous ne perdez pas à roupiller», leurs conclusions sont rassurantes : «Les résultats montrent que les personnes qui utilisent le snooze dorment en moyenne un peu moins longtemps et se sentent plus somnolentes le matin que celles qui n’appuie jamais sur ce bouton. Mais il n’y a pas d’effets négatifs du petit somme supplémentaire sur la libération de cortisol, la fatigue matinale, l’humeur ou la qualité du sommeil pendant la nuit», explique Tina Sundelin, chercheuse à l’université de Stockholm et principale autrice de l’article. A noter que les adeptes du snooze sont majoritairement les jeunes adultes et les personnes du soir. Il apparaît aussi «qu’une demi-heure de somnolence n’a pas d’effets négatifs sur le sommeil nocturne ou l’inertie du sommeil, c’est-à-dire le sentiment de ne pas être tout à fait alerte le matin. Au contraire, nous avons constaté des effets positifs, comme une diminution de la probabilité de se réveiller d’un sommeil profond. Lorsque les participants étaient autorisés à faire une sieste, ils étaient également un peu plus réactifs au moment de se lever».

Les conclusions publiées par l’université de Stockholm soulignent néanmoins qu’«il est bien sûr important de rappeler que l’étude n’a porté que sur des personnes qui somnolent régulièrement et qui trouvent facile de se rendormir après chaque réveil». Selon Tina Sundelin, cela ne convient probablement pas à tout le monde. Pour notre part, on peut se rendormir sur nos deux oreilles.


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