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vendredi 3 février 2023

Bonnes et lingères, sens dessus dessous

par Clémentine Mercier  publié le 3 février 2023

Des hommes qui battent le linge au lavoir ou bercent un enfant : le photographe Pascal Bastien donne au quotidien du XIXe siècle un nouveau genre.

Avec des «si», on peut mettre Paris en bouteille… Mais aussi les hommes au ménage. C’est ce qu’a fait le photographe Pascal Bastien (collaborateur régulier de Libération) dans sa série la Belle Epoque. S’inspirant des clichés de famille du XIXe siècle et du début du XXe siècle, le photographe a réalisé des mises en scène comiques où il a inversé les genres. Et si, dès le XIXe siècle, les hommes prenaient les places réservées aux femmes ? Sur les photos, réalisées avec une chambre, un garçon récure le sol, un autre bat le linge au lavoir, un autre fait de la couture, derrière une machine d’époque. Des positions dans lesquelles on a davantage l’habitude de voir des femmes sur les représentations vintage, les peintures et les photos. Ah, un moustachu tient un bébé dans un lit, comme s’il venait d’accoucher… C’est le photographe avec un bonnet de nuit qui a fait un autoportrait. Il a l’air tout à fait incongru.

La série la Belle époque a été réalisée dans le château d’un ami du photographe, près de Lyon. Appartenant à une famille aisée de l’industrie de la soie, ce château a été habité jusqu’au début du XXe siècle. Ceux qui en ont hérité aujourd’hui y organisent des rencontres entre artistes, des mini-résidences auxquelles Pascal Bastien a participé. Décor adéquat pour la série, le château est aussi rempli d’accessoires. Il a suffi au photographe d’ouvrir les placards pour trouver des costumes. Dans ce lieu d’histoire, la famille a aussi retrouvé récemment des centaines de plaques de verres avec des clichés d’époque qui a inspiré la série. Ainsi qu’une chambre photographique en bois qui aurait pu servir aux prises en vue.

Les images anciennes montrent paradoxalement que les ancêtres n’étaient pas si rigides avec le genre. Ils habillaient filles et garçons, jusqu’en 1914, en robe jusqu’à leur entrée à l’école. Les enfants des deux sexes portaient aussi les cheveux longs… Joueurs, ces bourgeois d’avant-guerre s’amusaient à se déguiser et à inverser les rôles en prenant la place des domestiques devant l’objectif. Avec la Belle Epoque, la tradition du carnaval est maintenue. Et l’histoire bousculée avec le prisme d’aujourd’hui.


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