par Thomas Legrand publié le 6 décembre 2022
Ne perdons pas notre temps à commenter le dialogue indigeste paru dans la revue un peu rouge et très brune Front populaire(pauvre Léon Blum), entre Michel Houellebecq et Michel Onfray, la semaine dernière. Ils disent n’importe quoi et en plus, maintenant, on peut le démontrer : en 2015, Houellebecq publiait Soumission. L’action du roman se déroulait en 2022. Aujourd’hui, donc. Ce n’était pas qu’un roman, disait l’auteur star, invité sur toutes les antennes, c’était de l’anticipation réaliste. Houellebecq promenait sa mine en ruine de plateau en plateau, non pas pour parler littérature mais pour deviser politique et pour nous prévenir. Il était interrogé comme les Gaulois interrogeaient leurs druides. D’ailleurs il en avait déjà la tête. L’auteur de la Carte et le Territoire savait de quoi le pays était fait… Alors que voyait-il pour 2022 ? Une France présidée par un islamiste faussement modéré. Un pays soumis à une charia douce, qui autoriserait la polygamie. Le livre commençait par une émeute de «jeunes de cités», place de Clichy à Paris. Mais les médias, tous imprégnés d’«islamo-gauchisme» collabo, n’en faisaient pas état, histoire de cacher la réalité de l’invasion et de l’ensauvagement par une sorte de censure dictée par leur bien-pensance.
Bien sûr, il s’agit d’un roman et il serait abusif de constater, puisque nous sommes en 2022, que ça ne s’est pas passé ainsi. Mais si rien n’a été aussi loin, c’est que même la direction est fausse. Une émeute de jeunes place de Clichy passée sous silence par une presse pusillanime ? Ce serait tout le contraire. On ne parlerait que de cela pendant des jours. Un parti démocrate musulman qui gagnerait des élections pour appliquer par petites touches une loi islamiste à peine insidieuse ? Aucun parti religieux musulman (ni d’aucune autre religion d’ailleurs) n’arrive à émerger en France, même lors d’élections locales dans les quartiers ghettoïsés. En revanche, un islamisme terroriste, violent et ultra-minoritaire, existe bien. Il est d’autant plus violent qu’il est résiduel. S’il menace parfois la sécurité des Français, il ne gangrène pas nos institutions.
Michel Houellebecq et Michel Onfray naviguent entre journalisme, roman et philosophie. Le problème, c’est qu’ils passent d’une discipline à l’autre sans en respecter les exigences. Je ne peux (pour ma part) qu’évoquer les exigences journalistiques. C’est-à-dire le rapport à la véracité factuelle. Par exemple quand Michel Onfray affirmait, après la première élection d’Emmanuel Macron que celle-ci avait été orchestrée, que le PS avait à dessein sélectionné Benoît Hamon, un candidat facile à battre, il jouait au journaliste. Quel journaliste politique n’aurait pas aimé avoir un tel scoop ! Mais il faut des preuves, des sources, avoir recoupé ses infos. Et comme c’est faux? c’est indémontrable. Peu importe. Un philosophe peut affirmer sans éléments factuels, à coups de «tout le monde le sait». Un journaliste qui aurait avancé de tels faits sans pouvoir les démontrer serait professionnellement mort. Michel Onfray peut dire n’importe quoi, il est philosophe ! Il peut même, comme il l’a fait dans une vidéo abjecte, la semaine dernière, conseiller à Benoît Hamon de se pendre ou «d’avaler du poison».
Que sont devenus, en réalité, ces deux Michel ? Ils ont, depuis longtemps, décidé de dépeindre le monde à l’image, non pas de la réalité, non pas en s’appuyant sur des faits, mais de façon que ce monde fantasmé, terrifiant et sauvage, corresponde à leurs propres peurs et névroses. Les trouillards décrivent toujours un monde plus dangereux qu’il ne l’est. C’est leur meilleur moyen de déguiser leur peur panique en clairvoyance. Il en va de même pour les prédictions. En prévoyant que d’un monde ouvert surgisse le pire, on justifie la fermeture préventive.
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