PAR
MARTIN DUMAS PRIMBAULT -
PUBLIÉ LE 15/05/2020
Hopital de la Pitié Salpetrière le 27/02
Crédit photo : S.Toubon
Crédit photo : S.Toubon
Deux heures d'entretiens avec des médecins hospitaliers hier, une visite surprise dans un hôpital parisien aujourd'hui… Emmanuel Macron a voulu renforcer sa présence au chevet des professionnels hospitaliers mis à très rude épreuve par le Covid-19.
C'est en réalité le début d'une séquence que l'Élysée voit comme le « coup d'envoi » d'un nouveau grand plan pour l'hôpital public. Le chef de l'État a en effet missionné Olivier Véran pour engager un chantier « dans les prochaines semaines », sans fixer d'échéance, afin de concrétiser sa promesse d'un « plan massif d'investissement » et de revalorisation des carrières, faite fin mars au cœur de la crise épidémique.
Mea culpa sur la réforme Buzyn
Ce vendredi 15 mai alors qu'il arpentait les couloirs de la Pitié-Salpêtrière en compagnie du ministre de la Santé, le président de la République a fait un vrai mea culpa devant une poignée de soignants. « On a sans doute fait une erreur dans la stratégie annoncée », a-t-il concédé évoquant le plan Ma santé 2022. Une série de mesures qui ne « portait pas assez de sens » et avait une « ampleur » et un rapport au temps « pas du tout suffisants compte tenu de l'état où était l'hôpital », a-t-il affirmé. « J'étais convaincu qu'on était en train de changer les choses » et « c'est très cruel pour moi-même », a-t-il ajouté, jugeant que « c'était une super stratégie mais à faire dix ans plus tôt ».
« Oui, on va investir », a cette fois promis le chef de l'État. Il a demandé à son ministre de la Santé un « travail express » de concertation avec les organisations syndicales. « Nous entrons dans une dynamique de réforme de notre hôpital public, avec un volet rémunération et carrière, un volet investissement, un volet gouvernance et réforme », a énuméré le chef de l'État. En outre, le président de la République a appelé de ses vœux un « Ségur de notre organisation de santé ».
« On veut du flouze »
Pendant sa visite du célèbre hôpital parisien, Emmanuel Macron a été vivement interpellé par des professionnels. « On est désespérées, on ne croit plus en vous », a lancé une infirmière. « On veut du flouze, du pèze, de la fraîche, on veut de l'argent. Ce n’est pas 300 euros qu'il faut, c'est bien plus pour garder notre personnel. En réanimation, les deux tiers des effectifs partent », a lâché une autre, très remontée.
« Il y a des collègues, héros de la nation, qui sont en train de se dire : est-ce qu'elles vont manger, est-ce qu'elles vont payer leur loyer. Qu'est-ce que vous allez faire ? Vous allez embaucher ? », a questionné une troisième.
« On sera au rendez-vous », s'est engagé Emmanuel Macron qui dit vouloir « mettre fin » à la « paupérisation » des personnels soignants. Un échange musclé retransmis par BFM TV a rapidement fait le tour des réseaux sociaux. On y voit le chef de l'État vivement pris à partie par deux infirmières.
"On est désespérées, on ne croit plus en vous"L'échange tendu entre Emmanuel Macron et deux soignantes
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Journée de mobilisation en juin
Au cours de cette visite, les Drs Anne Gervais et François Salachas, du collectif inter-hôpitaux (CIH), se sont entretenus pendant une heure avec le président de la République. Ils lui ont « présenté l'historique du collectif » et les « demandes fondatrices du mouvement » (effectifs, lits, rémunérations, gouvernance et moyens financiers). Les deux praticiens ont « appelé de leurs vœux un pilotage reconnecté au terrain » et tirant les leçons de la crise du Covid-19. « Des annonces sont promises, notamment sur la revalorisation des salaires, le CIH les attend », a prévenu l'organisation.
Emmanuel Macron a également rencontré les centrales syndicales qui ont pu lui faire part de leurs revendications. « 300 euros d'augmentation », demande cash la CGT. Plus vague, la CFDT réclame une « reconnaissance pérenne par la revalorisation de la grille salariale dans tous les métiers ».
Dans un communiqué commun diffusé ce vendredi, plusieurs organisations de praticiens (AMUF, APH), collectifs (CIH, inter-urgences, inter-blocs, Printemps de la psychiatrie), centrales syndicales (CGT, SUD, UNSA) et la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité ont indiqué réfléchir à une « journée nationale de mobilisation pour mi-juin ».
M.D.P. (avec AFP)
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