L’expression «faim de peau», skin hunger, a été utilisée pour
la première fois dans la Peau et le toucher, un premier langage,
de l’anthropologue anglo-américain Ashley Montagu.
Photo Brooke DiDonato. Agence VU
Faim de peau ? Un mot danois consacre ce besoin fondamental qu'est le toucher de l'autre.
Les célibataires et les personnes âgées isolées le savent bien: ce qui leur manque le plus en ces temps confinés, ce n’est pas nécessairement le sexe, mais le toucher de l’autre. Les Danois ont un mot pour décrire ce manque, le hudsult, la «faim de peau». Car le toucher développe de l’ocytocine, hormone qui réduit l’anxiété, apaise l’activité cardiaque, améliore le sommeil et la digestion.
L’expression «faim de peau», skin hunger, n’est cela dit pas danoise, elle a été utilisée pour la première fois dans la Peau et le toucher, un premier langage (Seuil, 1979), de l’anthropologue anglo-américain Ashley Montagu. En 2013, un chercheur américain, Kory Floyd, après avoir étudié les conséquences du hudsult sur 509 personnes, l’a exprimé très clairement: c’est un besoin vital. «Nous ressentons la faim parce que nous avons besoin de nourriture, tout comme nous ressentons la soif parce que nous avons besoin d’eau, et la fatigue parce que nous avons besoin de sommeil. De la même façon que le manque de nourriture, d’eau et de repos provoque des effets néfastes, le manque d’affection aussi.»
Si les Américains parlent de «skin hunger» et les Allemands de «Hauthunger», le concept est particulièrement présent dans la culture danoise: les corps malmenés par le froid et l’absence de lumière lors des longs hivers en Europe du Nord ont besoin d’exulter une fois le printemps venu. Une poétesse danoise de 23 ans, Frida Sigurth, a récemment publié un recueil intitulé Hudsult, qui décrit la quête d’amour, souvent semée d’accrocs, de sa génération désormais confinée.
► Hudsult, de Frida Sigurth (Attika, 2019, non traduit).
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