UNIVADIS
À retenir
- Après avoir fortement augmenté durant la première semaine, le confinement semble avoir agit comme un facteur protecteur de l’anxiété en population générale en réduisant l’exposition à la maladie.
- Cette baisse de prévalence de l’anxiété n’a cependant pas concerné toutes les catégories de population de la même façon.
- Les personnes exposées à la maladie, vivant dans des conditions socio-économiques défavorisées et les femmes apparaissent plus à risque d’anxiété, de même que celles qui ont le sentiment d’avoir moins de prise sur les événements.
- Santé Publique France reste attentive à l’évolution de l’état anxieux de la population en période de levée du confinement.
Un dispositif de surveillance comportementale et psychologique
Une revue récente de la littérature a montré que les quarantaines imposées lors de différentes épidémies avaient un fort impact sur la santé mentale des populations, perdurant parfois même jusqu’à plusieurs années après. Aussi, durant cette période de confinement liée à l’épidémie de COVID-19, Santé Publique France a souhaité mettre en place un dispositif de « surveillance comportementale et psychologique » visant à « identifier les déterminants » de l’état de santé mentale de la population française et « en suivre les évolutions ». Les résultats des deux premières vagues d’enquête menées une et deux semaines après le début du confinement (débuté le 17 mars 2020) viennent de paraître.
Une baisse significative de l’anxiété avec la durée du confinement
Les enquêtes ont été menées du 23 au 25 mars et du 30 mars au 1er avril, chacune sur des échantillons de 2.000 personnes. Le niveau d’anxiété des personnes interrogées a été évalué sur l’échelle HAD (Hospital Anxiety and Depression) et les variables explicatives recherchées dans trois domaines : socio-démographique, situation liée au confinement et à la situation épidémique, perception de la maladie COVID-19 et des mesures de protection.
Lors de la première vague, la prévalence de l’anxiété a été multipliée par deux par rapport à celle observée avant l’épidémie (26,7% vs 13,5%). Puis une baisse significative de la prévalence de l’anxiété a été mesurée entre la première et la deuxième vague passant à 21,5% de la population. Le confinement aurait donc agit comme un facteur de protection contre l’anxiété en réduisant l’exposition à la maladie plutôt que comme un facteur de risque comme initialement pressenti.
Des évolutions inégales selon les catégories de population
Cette baisse globale de l’anxiété entre les deux vagues d’enquête n’a cependant pas concerné toutes les catégories de population de la même façon, certaines d’entre elles n’ayant pas observé cette évolution : les personnes en situation financière difficile, celles appartenant à des catégories socioprofessionnelles plus défavorisées ou celles vivant en promiscuité au sein de leur foyer.
Quelle que soit la vague d’enquête, plusieurs facteurs sociodémographiques (être une femme, être parents d’enfants de 16 ans ou moins et se sentir dans une situation financière difficile) et liés à la situation épidémique (le fait de télétravailler, d’avoir été exposé à la maladie) ont été associés à un risque significativement plus important d’anxiété.
Un impact différent selon la perception de l’épidémie
Par ailleurs, les connaissances et perceptions de la maladie semblent également jouer un rôle important puisque « le fait d’avoir une bonne connaissance des modes de transmission de la maladie, de déclarer respecter les mesures de confinement, de se sentir capable d’adopter les mesures de protection et d’avoir confiance dans l’action des pouvoirs publics pour contrôler l’épidémie » était associé à une réduction du risque d’anxiété. Alors que « percevoir le COVID-19 comme une maladie grave et se sentir vulnérable face à cette maladie » augmentait au contraire ce risque.
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