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vendredi 15 mai 2020

Coronavirus en prison : le pire n’était pas sûr





Paris, le jeudi 14 mai : Faible taux de contamination, pas ou peu d’incidents, une population carcérale en forte baisse : l’épidémie de coronavirus a été géré efficacement dans les prisons françaises.

Avec sa promiscuité, sa surpopulation, ses conditions d’hygiène déplorables et sa population par définition récalcitrante, les prisons françaises semblaient être les victimes idéales de l’épidémie de coronavirus, de potentielles « bombes épidémiques » selon certains observateurs. Aujourd’hui, force est de constater que la catastrophe sanitaire annoncée par certains n’a pas eu lieu. Selon les derniers chiffres de l’Observatoire international des prisons (OIP), on ne déplore que 410 cas confirmés de Covid-19 en prison (118 détenus et 292 agents) et seulement 2 morts.

La mise en place du confinement dans les établissements pénitentiaires et notamment, dès le 17 mars, la suspension des parloirs, seul lien entre les prisonniers et l’extérieur, aurait pu déclencher la colère des prisonniers. Mais si quelques mutineries de faible ampleur ont pu être observées dans les premiers jours du confinement, la situation est restée relativement calme dans les établissements pénitentiaires français. Le droit désormais garanti pour chacun des détenus de téléphoner régulièrement à leurs proches a suffi à rassurer ces derniers. « Les prisonniers prennent la mesure de la gravité de la situation. Je suis surpris du calme relatif » réagit Cyrille Canetti, psychiatre à la prison de la Santé.

11 000 prisonniers de moins en deux mois

Le calme qui règne dans les prisons est sans doute en grande partie dû à la diminution spectaculaire de la population carcérale. Tandis que les juridictions pénales tournent au ralenti (et envoient donc peu de gens en prison), dès le début du confinement, les autorités judiciaires se sont lancées dans une politique de libération massive des détenus, notamment les fins de peine et les prisonniers non-violents. Hasard heureux du calendrier, les magistrats ont pu s’appuyer sur la loi du 23 mars 2019, entrée en vigueur le 24 mars dernier et qui prévoit de nouvelles alternatives à l’emprisonnement.

Le résultat est impressionnant : les prisons françaises comptent 61 000 détenus, contre 72 500 au 16 mars dernier, veille du confinement. Trois mois après avoir été condamné par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) pour l’état indigne de ses prisons, la France compte un taux d’occupation pénitentiaire de moins de 100 %. L’objectif de l’encellulement individuel, fixé dans la loi depuis 1875 (!), est en passe d’être atteint.

« La surpopulation carcérale n’est pas une fatalité »

Les élus et magistrats qui militent depuis plusieurs années contre la surpopulation carcérale, voit dans cette baisse inattendue du nombre de prisonniers une aubaine et une leçon pour l’avenir. « Cette crise nous apprend que la surpopulation carcérale n’est pas une fatalité » se réjouit Cécile Dangles, magistrate lilloise. Comme beaucoup de ses collègues, elle plaide aujourd’hui pour une loi d’amnistie générale à destination des courtes peines, pour que la justice reparte « sur des bases saines ». Une option pour l’instant écartée par le gouvernement : « Je suis attachée au principe de l’individualisation des peines » explique le ministre de la Justice Nicole Belloubet.

Après le succès du confinement, les prisons françaises doivent désormais réussir leur déconfinement. Depuis ce lundi, les visites ont pu reprendre dans certaines prisons, dans des conditions évidemment particulières : pas de parloirs familiaux, un seul visiteur par parloir et un seul parloir par semaine, respect des gestes barrières et port du masque pour les visiteurs…

Dans un communiqué commun, plusieurs instances internationales, dont l’OMS et ONUSIDA, rappellent également qu’il est important de s’assurer que la lutte contre le coronavirus ne vienne pas perturber la continuité des soins en prison. En effet si les prisonniers semblent relativement épargnés par le Covid-19, ils sont parmi les plus exposés au VIH, à la tuberculose et aux hépatites.


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