Le 4 octobre 2019
L'artiste australienne Alli Sebastian Wolf et son clitoris doré géant
@Sipa
Dans "Politique du clitoris" (éd. Textuel), Delphine Gardey, historienne et sociologue, professeure à l’Institut des Etudes genre de Genève, raconte comment cet organe fabuleux, enfin sorti de l’ombre, est un enjeu de lutte individuelle et collective pour les femmes.
Pourquoi écrire aujourd’hui une “Politique du clitoris”?
Parce que c’est enfin possible, parce que l’on dispose de 20 ou 30 ans de recherches sur ces sujets ; parce que c’est une question vive, politique, que l’on a des activistes et performeuses qui se l’approprient. Il s’agit de redéployer les connaissances à propos du clitoris, depuis les (re)découvertes d’Helen O’Connell à la fin des années 90. Connaître l’organe et en rendre compte dans l’espace public, c’est l’une des modalités par laquelle on regagne du pouvoir sur son intimité, sa sexualité et en termes social et politique. On s’est intéressé tardivement à l’anatomie du clitoris parce qu’au fond, historiquement, les sciences et la médecine ne se sont intéressées à la génitalité féminine qu’en tant qu’elle était reproductrice. Le regard est focalisé sur la matrice, le vagin — le plaisir féminin, tabou ou pas traité, importe pas ou peu. Les changements dans la société font que des questions nouvelles se posent dans les arènes scientifiques. Et le fait que des connaissances nouvelles adviennent est un facteur de transformation des rapports sociaux et politiques.
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