La consommation de cannabis débute presque toujours à l’adolescence ou chez l’adulte jeune alors même que le cerveau se modifie dans sa structure et ses fonctions. Une initiation précoce et une prise journalière augmentent le risque de problèmes cognitifs, comportementaux et de santé mentale. Les dérivés actuels ont une teneur en cannabinoïdes et une durée d’action plus prolongée. La légalisation du cannabis réalisée ou envisagée dans beaucoup d’états pose la question de l’incitation à la consommation pour les enfants dont les parents prennent cette drogue.
Des chercheurs de l’Université de Montréal, ont procédé à une enquête pour étudier l’association entre l’usage du cannabis (C) par les parents et l’initiation ou non à cette drogue chez les enfants, adolescents ou jeunes adultes. Les données ont été tirées de deux études longitudinales. Dans AdoQuest, 1 048 parents d’enfants scolarisés en grade 6 (6ème en France) ont répondu à un questionnaire sur leur utilisation du cannabis (C) dans l’année écoulée. L’initiation au C parmi leurs enfants a été évaluée en grade 7 (5ème, âge moyen 11,7 ans), 9 (3ème âge moyen 15,2 ans) et/ou 11 (1ère âge moyen 16,8 ans). Dans l’étude sur la consommation de tabac « Nicotine Dependance in Teens », les données ont porté sur 584 participants d’âge moyen 24 ans et sur leurs parents (542 mères et 438 pères).
Un risque sept fois plus élevé que l’enfant consomme aussi du cannabis quand les deux parents en prennent
Les associations entre l’utilisation de cannabis par les parents et les enfants ont été estimées par analyse de régression logistique à variables multiples, en tenant compte du niveau d’éducation des parents et de leurs revenus.
L’étude AdoQuest a montré que les enfants en 6ème n’ayant jamais été consommateurs avaient un risque 1,8 fois supérieur de devenir utilisateurs entre la 3ème et la 1ère classe si les parents avaient pris du C dans l’année écoulée. Dans l’étude Nicotine Dependance, l’odds ratio ajusté (aOR) de risque de consommation chez les jeunes adultes était équivalent lorsque la mère était consommatrice (aOR 2,8 intervalle de confiance à 95 % IC 1,4-5,8) ou le père (aOR 2,1 IC 1,2-3,8). En comparaison des enfants de parents non consommateurs, le risque de prise de C était 1,7 fois plus élevé lorsque l’un des parents était utilisateur et 7,1 fois si les deux parents l’étaient.
Les parents doivent être avertis que leur propre consommation de cannabis comporte le risque que leurs enfants, devenus adolescents ou jeunes adultes, soient à leur tour des utilisateurs de cette drogue.
Pr Jean-Jacques Baudon
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