| 08.03.2019
Lancé en janvier 2018 suite à l’affaire Weinstein, le collectif Time’s Uplutte aux États-Unis contre les discriminations et violences sexistesdans l’industrie du divertissement, des technologies et de la publicité. Il a décidé aujourd’hui de s’occuper du domaine de la santé en lançant la semaine dernière Time’s Up Healthcare. Une cinquantaine de femmes, la plupart professionnelles de santé de diverses spécialités et étudiantes ont lancé l’association et plusieurs institutions ont déjà apporté leur soutien à l’initiative, à l’image des facultés de médecine de Yale, Brown, Drexel, l’Université du Wisconsin ou The Mayo Clinic. La National Medical Association ou l’American College of Physicians font également partie de la liste des partenaires.
Deux tiers des femmes médecins concernés
Et le chemin à parcourir est considérable. L’année dernière un rapport de the National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine, révélait que 47 % des étudiants en médecine avaient eu à subir du harcèlement sexuel au cours de leurs études et 70 % des femmes médecins. Dans les carrières universitaires, les femmes ont également 2,5 fois plus de chances d’être discriminées à cause de leur sexe que les hommes. Une étude de l’école de médecine de l’université Johns Hopkins montre également qu’elles peuvent toucher jusqu’à 500 000 dollars en moins au cours de leur carrière que leurs homologues masculins.
Mea culpa du National Institutes of Health
« J’aimerais que chaque institution universitaire se joigne à notre mission, notre vision et nos valeurs, qui sont de dire que les discriminations de genre et le harcèlement sexuel n’ont pas leur place dans le monde de la santé. Notre objectif est de créer un environnement sûr, digne et équitable pour les femmes dans la santé. Selon moi, ce but est atteignable », estime le Dr Jane Van Dis, gynécologue-obstétricienne et l’une des fondatrices du mouvement. Et le mouvement a déjà commencé à faire bouger les choses. Le jour de son lancement the National Institutes of Health s’est excusé pour ses échecs passés à reconnaître la culture de harcèlement sexuel qui a affecté les scientifiques sur plusieurs générations.
« Nous sommes désolés que cela nous ait pris autant de temps pour reconnaître et s’attaquer à ce climat et cette culture qui ont causé tant de mal », a déclaré Francis Collins, le directeur du NIH. Le harcèlement sexuel dans les sciences est « moralement indéfendable, inacceptable et il représente un obstacle majeur qui empêche les femmes de trouver la place qui leur revient (…) Nous sommes préoccupés par le fait que le NIH a pu être une partie du problème et sommes déterminés à devenir une partie de la solution », a-t-il ajouté.
Le mouvement pourrait donner des idées en France. Récemment une étude des internes de médecine témoignait notamment de nombreux problèmes pendant les études médicales, 86 % ayant eu à subir du sexisme, 10 % du harcèlement sexuel. Dans une tribune publiée dans le Monde, il y a quelques mois, un collectif réclamait aussi plus de parité dans les postes hospitalo-universitaires, dans les instances de gouvernance des établissements, des facultés de médecine et les conseils d’administration des sociétés savantes médicales.
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