Véronique Bounaud : « Il faut que la société fonctionne avec les personnes qui ne sont plus à l’hôpital ; ce qui relève de la santé mentale ne l’est pas forcément de la psychiatrie. »
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Depuis quelques mois, le Conseil local de santé mentale est “ un outil d’aide à la résolution de situations ”. Sa coordonnatrice en explique les enjeux.
La santé mentale est un sujet complexe et encore tabou pour le commun des mortels. Comment lutter contre les a priori et images négatives liées aux maladies mentales sous toutes leurs formes ? Comment travailler avec une personne qui présente une pathologie psychique sans la dévisager voire la juger ?
Ou encore comment permettre à un malade – dont la pathologie peut être plus ou moins sévère – de trouver sa place dans la société en obtenant un emploi, un logement, un prêt… ?
“ Travailler à l’inclusion et porter un regard différent ”
« Voilà notre grand objectif au sein du Conseil local de santé mentale (CLSM) ; travailler sur l’inclusion dans la cité des personnes atteintes d’une maladie psychique, assure Véronique Bounaud, la coordinatrice de cette structure née dans le cadre de la nouvelle loi santé et labellisée par l’Agence régionale de santé en 2017. Ces personnes qui sortent de l’hôpital ont besoin d’accompagnement ou d’un regard différent pour pouvoir vivre comme tout un chacun. »
Présidé par le maire Alain Claeys, le CLMS a été fondé par quatre instances que sont l’Unafam 86, la Ville, le CCAS (Centre communal d’action sociale) et l’hôpital Laborit. Outre ses quatre structures, interviennent au sein du CLMS : la Direction départementale de la cohésion sociale et Itinéraire santé (dans le comité de pilotage) ainsi que 60 institutions partenaires (composées de professionnels de la santé, des établissements médico-sociaux, des bailleurs sociaux…)
« Nous avons fait le choix de travailler avec une population adulte. Il s’agit davantage d’une question de priorité que de besoins, précise Véronique Bounaud. Le Conseil a trois axes de travail : lutter contre la stigmatisation et l’auto-stigmatisation, premier frein à l’insertion ; étudier les parcours de vie des personnes malades et coordonner les partenaires qui ont la volonté de mieux se connaître ; enfin troisième axe traiter les situations complexes. »
Lever les blocages
A ce titre, la coordinatrice se mue en « facilitatrice ». Dès qu’elle reçoit une saisine émanant d’un médecin, d’un bailleur social ou d’un autre organisme et avec l’accord de la personne concernée, elle identifie « le point de blocage » pour mettre en relation, animer les échanges, amener l’expertise sur le suivi des dossiers…
« Une fois tous les deux mois, les partenaires qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble, se retrouve autour d’une table pour réfléchir sur une situation, sur les limites d’intervention de chacun et sur les pratiques à mettre en place. Chacun repart avec son plan d’action. Cette cellule est le dernier recours. »
Ce Conseil est un « outil » n’est pas destiné au grand public – qui se dirige déjà vers l’hôpital – mais qui « fait bouger les lignes dans les relations entre les professionnels ».
> Depuis quelques semaines, une jeune fille a lancé une pétition sur les réseaux sociaux, à la suite d’un drame familial survenu au parking de l’Hôtel-de-Ville. Elle y déplore des chutes mortelles (accidentelles ou suicides) et y demande plus de sécurité sur le toit. Chloé Prouteau a été reçu cette semaine par le maire. Selon elle, le maire devrait se tourner vers le Conseil local de santé mentale afin de prendre l’avis d’experts. Pour Véronique Bounaud, le Conseil n’a aucun pouvoir de décider mais en revanche, à titre exceptionnel, peut être amené à fournir une expertise sur un sujet précis.
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