Jacques Borgy, secrétaire général du syndicat national des psychologues, réagit à la vague de témoignages dénonçant les abus de psys auprès de patients.
Sur Twitter, un hashtag #moiVSpsy est récemment apparu pour dénoncer les violences subies chez les psys. Secrétaire général du syndicat national des psychologues (SNP), Jacques Borgy revient sur l'urgence de réglementer la déontologie de la profession pour protéger les patients d'éventuelles pratiques irrégulières. Voire illégales. Entretien.
L'Express : Le 19 février dernier, Twitter a vu apparaître des témoignages de maltraitances endurées lors de consultations d'ordre psychologique, avec le hashtag #moiVSpsy. Cela vous étonne-t-il ?
Jacques Borgy : Pas vraiment. A en juger par les "il m'a demandé ma carte vitale" récurrents, les posts concernent essentiellement les psychiatres. Or, ils sont tellement débordés qu'ils peuvent rarement accorder plus de trente minutes à leurs patients. Cela génère forcément des frustrations. Les internautes regrettent que la réponse médicamenteuse prenne toute la place. Ils aimeraient pouvoir parler davantage de leurs problèmes. Dans la pratique, certains finissent par aller voir un psychiatre pour se faire prescrire un traitement et un psychologue pour être écoutés.
Selon vous, il n'y aurait donc pas de maltraitance dans la profession...
Ce n'est hélas pas aussi simple que ça ! Il existe parfois des formes de maltraitance, mais la faute en revient presque toujours au manque de moyens humains. Dans les unités d'urgence psychiatrique, les gens arrivent parfois dans un état d'agitation extrême. Le personnel soignant n'a pas d'autre choix que de leur administrer des médicaments, voire de les attacher, pour les calmer. Il suffirait pourtant souvent qu'un psychologue prenne le temps de leur parler, et de les écouter, pour que la pression retombe.
Les effectifs de psychologues seraient-ils donc insuffisants ?
On fait surtout porter trop de responsabilités aux psychiatres. L'actualité le prouve régulièrement : des spécialistes sont parfois condamnés à des peines de prison avec sursis après le meurtre commis par l'un de leurs patients schizophrènes. L'heure n'est plus au médecin tout-puissant. Les patients eux-mêmes consultent internet avant leur docteur et sont de mieux en mieux informés sur leur pathologie. Il est donc impératif d'augmenter le nombre de psychologues dans les institutions. La profession a tout à gagner d'un travail collégial.
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