L’association Osez le féminisme profite de la journée internationale des droits des femmes pour lancer sa campagne nationale : "A notre santée, pour une santé féministe des filles et des femmes". L’objectif est de dénoncer et de lutter contre les discriminations sexistes que subissent les femmes dans leur prise en charge médicale. Douleurs minimisées, patientes pas prises au sérieux, agressions sexuelles, les femmes pâtissent de « différences de prise en charge » entre patients des deux sexes qui sont « préjudiciables à leur santé », affirment les militantes de cette association. Elles évoquent un risque accru de « sous-diagnostic pour certaines maladies », et la méconnaissance de certains « symptômes spécifiques » aux femmes.
Deux tiers ne sont pas crues par leurs médecins
Pour appuyer cette campagne, l’association a mené une enquête en ligne en juillet dernier auprès de 2 286 femmes de 18 à 80 ans (échantillon non représentatif, sélection basée sur le volontariat). Et les résultats sont accablants. Un quart des femmes disent avoir subi au moins une fois des gestes ou des paroles à connotation sexuelle dans le cadre d’une consultation. 16 % des femmes ont déclaré avoir été agressées sexuellement, et plus de 10 % ont déclaré avoir subi des viols. « Un médecin généraliste chez qui j’allais pour une simple rhino-pharyngite, et qui s’est mis à “m’examiner" en me touchant les seins. Traumatisée (j’étais jeune à l’époque, environ 18 ans), je n’y suis jamais retournée », témoigne l’une des répondantes.
Parmi les répondantes, 9 sur 10 disent avoir été gênées au moins une fois par le comportement d’un professionnel de santé. 66 % affirment ne pas avoir été crues dans le cadre d’une consultation et plus de 70 % déclarent avoir subi des reproches au moins une fois, et avoir été culpabilisées. « Comme je suis une femme on part du principe que je suis douillette et on ne me donne pas de traitement ou on ne me prescrit pas les examens nécessaires. Et comme je ne veux pas d’enfant, la foudre s’abat sur moi, car une femme qui ne veut pas d’enfant doit être envoyée au bûcher… », souligne l’une des femmes interrogées. « En raison de mon sexe, plusieurs acteurs de la santé (hommes) ont pensé que mes problèmes de grosse fatigue et de fortes douleurs étaient l’expression d’une dépression alors que cela n’avait strictement rien à voir ! », explique une autre.
Une femme sur 10 confie également avoir subi une pénétration sexuelle contre son gré dans le cadre d’un examen médical. Le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, dans un rapport rendu l’été dernier au gouvernement, soulignait déjà que les violences obstétricales et gynécologiques n’étaient « pas des faits isolés » et malheureusement assez courantes.
[VIDEO] A notre santée pour une santé féministe des filles et des femmes
La campagne d’Osez le féminisme se déclinera sous forme d’événements et de tables rondes dans plusieurs villes. « L'objectif est que nous ne soyons plus en danger quand nous avons besoin de soins, que nous soyons respectées dans notre dignité », souligne Cécile Werey, sa coordinatrice. L’association estime par ailleurs que trop peu d'études sont menées contre les conséquences indésirables de la ménopause. Les femmes ne sont pas assez intégrées dans les panels de patients qui testent de futurs médicaments - ce qui peut avoir des conséquences quant à l'efficacité de certaines molécules pour les femmes. Elles plaident aussi pour une meilleure formation des professionnels de santé, en particulier pour mieux prévenir et détecter les violences sexuelles sur les femmes.
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