PUBLIÉ LE 4 FÉVRIER 2019
La mauvaise foi basée sur les preuves
Docteur BB répond à Franck Ramus, directeur de recherches au CNRS, critique des approches psychanalytiques dans le coin psychiatrique.
Cherchant à consulter le site du collectif des 39 à propos de la journée nationale de la psychiatrie du 22 janvier, je suis tombé par hasard sur cette tribune datant de mai 2014 qui m’a irrité au plus haut point.
La condescendance et le mépris affiché à l’égard de psychiatres engagés au quotidien dans le soin a attisé une colère certaine et m’a donné envie de réagir, en pensant que ce débat illustrerait de façon éclairante certains enjeux actuels autour de la psychiatrie. En arrière-plan, ce sont effectivement les modèles des soins psychiques qui se trouvent interrogés, à la fois dans leur dimension théorique et pratique, ainsi que par rapport aux orientations prioritaires en termes de financement public.
Certes, la tribune en question est un peu datée : écrite par Franck Ramus, elle a été publiée en mai 2014 sur le blog Mediapart de Jean-Louis Racca, à thématique très anti-psychanalytique. Mais je crois que, en dépit d’un certain anachronisme, les enjeux qui y transparaissent sont toujours d’actualité, et que ce texte polémique illustre parfaitement la teneur parfois passionnelle et décomplexée des conflits qui déchirent la psychiatrie contemporaine : place de la recherche scientifique et des exigences de preuves, prépondérance des neurosciences cognitives, influence des sciences humaines, et notamment de la psychanalyse, préoccupation éthique, ingérence administrative, rationalité des politiques sanitaires, dimension sécuritaire, instrumentalisation de la clinique, etc.
D’abord, qu’est-ce le collectif des 39 ? Il s’agit d’un mouvement qui est né face aux attaques de plus en plus récurrentes à l’égard d’une conception humaniste du soin psychique, héritée d’une longue tradition clinique et émancipatrice.
La charte de ce mouvement explicite tout à fait le positionnement du collectif, luttant pour une clinique relationnelle et respectueuse de la singularité des patients, tout en affirmant son refus des dérives stigmatisantes ou sécuritaires d’une psychiatrie instrumentalisée.
C’est justement ce texte qui permet à M. Franck Ramus de déployer une critique acerbe de la psychiatrie institutionnelle et des influences de la psychanalyse sur cette culture du soin.
Alors déjà, de quelle place s’exprime ce contradicteur ?
M. Franck Ramus est directeur de recherche au CNRS et professeur attaché à l’ENS. Il travaille au Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistique, dirigeant l’équipe « développement cognitif et pathologie ». Il est également membre du conseil scientifique de l’Éducation nationale. Ses recherches portent sur le développement cognitif de l'enfant, ses troubles (dyslexie développementale, trouble spécifique du langage, autisme), ses bases cognitives et cérébrales, et ses déterminants génétiques et environnementaux. Comme il le précise lui-même sur son site, il n’est pas médecin, ni psychologue, n’a aucune expérience clinique ni pratique du soin.
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