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vendredi 8 février 2019

Faire corps avec et pour autrui par un geste juste

06.02.19

Heureux sont ceux qui, lors d’un soin convoquant toute notre attention, connaissent cet insaisissable instant qui nous entraîne à 20 cm du sol du simple fait que la connexion à ce que nous faisons est pleine, totale et sans ailleurs. Il s’agit d’un état de conscience, ou plutôt de non conscience, où l’intuition prend le pas sur la raison et permet la plus belle expression du Soin.

Une expérience du corps-esprit

Faire corps avec et pour autrui par un geste juste
L’extase est ce moment précieux où le calcul se tait et le problème s’apaise.
Le soin est une expérience physique et psychique qui déborde les limites du Soi et l’Autre. L’esprit et le corps infirmier tend à produire un soin, ce dernier devient alors le prolongement de ce corps-esprit et va rallier les rives de l’altérité. La pensée infirmière pour s’accomplir demande une intention vers autrui. L’espace qui sépare les êtres diminue pour que se produise le rapprochement des corps et cette connexion nous demande de lui donner du sens pour que celui qui reçoit cette intention puisse l’accueillir comme un Bien en soi. Le soin se doit d’être pensé dans sa dimension éthique qui nous oblige à le penser en termes de non malfaisance pour devenir le meilleur de moi-même offert à autrui. 

Hippocrate nous demandait de penser en même temps deux notions bien précises : le soulagement et la non malfaisance. Quand on s’interroge autour de la maladie, il convient de toujours garder en tête la volonté duelle de soulager et de ne pas nuire Primum non nocere. Il ne suffit pas de le vouloir, il faut aussi vérifier son innocuité dans les conséquences de cette action. C’est bien avec et pour autrui que ce prolongement du corps-esprit soignant doit se penser, se construire et s’accomplir.

Lors d’un soin complexe qui a trait directement avec la chair d’autrui, le Professeur Patrick Lozac’h, chirurgien digestif, parle de l’extase du chirurgien comme de l’extase plotinienne, le plus haut degré de vie et de liberté de l’âme. Un état qui ne peut être conscient qu’après l’acte lui-même. Que se passe-t-il alors ? Ce niveau infra ou supra-conscient peut se définir tout d’abord en ce qu’il n’est pas. Il n’est pas cette séparation et cette distinction que l’on pourrait faire entre la conscience de soi, la conscience de l’Autre et la science de l’acte de soin. Ce sont des philosophes qui, comme Plotin et Bergson, ont évoqué les premiers ces états singuliers.
C’est bien avec et pour autrui que ce prolongement du corps-esprit soignant doit se penser, se construire et s’accomplir.
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