Après l’incendie à Paris, le médecin Hervé Bokobza met en garde contre les réflexions à courte vue et pointe les conséquences du sous-investissement public dans le secteur. Entretien.
Ancien président des états généraux de la psychiatrie, en 2003, Hervé Bokobza tire les leçons du drame de la rue Erlanger, à Paris, qui a fait dix mort lundi dernier et des dizaines de blessés.
Que révèle, sur l’état de la psychiatrie, le cas d’Essia B., soupçonnée d’être à l’origine de l’incendie ?
Hervé Bokobza Que c’est un désastre ! Le secteur vit une régression constante depuis des années. Résultat : la qualité des soins n’est plus au rendez-vous. Et ce, à tous les niveaux. Ainsi, dans le secteur médico-social, quand une décision de placement d’un jeune dans une institution est prise, il faut attendre trois ans pour avoir une place ! Quand un malade téléphone pour avoir un rendez-vous, il lui faut aussi patienter des mois. Aujourd’hui, seule l’extrême urgence trouve des réponses. Il est donc très périlleux de pointer du doigt tel ou tel service qui aurait laissé sortir un malade potentiellement dangereux. Car l’inverse arrive aussi : des soignants qui sont dans une situation telle qu’ils ne laissent pas sortir des patients, par crainte d’éventuelles conséquences.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire