« On n’a pas peur de perdre ni peur de gagner », assurent les joueurs de l’équipe de France à la veille de défier l’Argentine, malgré deux victoires seulement en neuf rencontres.
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On voit les jambes s’agiter. Les bras s’activer. Mais le cortex, alors… Que se passe-t-il dans la tête, quand on joue pour le XV de France ? Beaucoup de choses, sans doute. Pas toujours très plaisantes, sûrement. « Il y a toujours cette amertume qui anime le groupe, cette frustration », reconnaissait Yoann Huget, en début de semaine. L’ailier vivra avec au moment d’affronter l’Argentine, samedi 17 novembre, au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d’Ascq (Nord).
La semaine d’avant, il a assisté au premier test-match du mois depuis les tribunes dépeuplées du Stade de France : défaite (29-26) de toute dernière instance contre l’Afrique du Sud, après avoir mené jusque dans les ultimes secondes. De quoi vous laisser un vestiaire « meurtri » et « très déçu », selon le capitaine, Guilhem Guirado, abattu comme rarement ce soir-là.
Promis, espère le talonneur, cette équipe va maintenant retenir « la leçon ». Comme il l’espérait déjà en début d’année, au Tournoi des six nations. Contre l’Irlande et l’Ecosse, d’abord : deux matchs que la France croyait gagner et qu’elle a fini par perdre. Contre le Pays de Galles, ensuite : un match qu’elle perdait et qu’elle a fini par perdre.
Ces fins de match traduisent davantage un manque de « lucidité » qu’un « problème mental » en particulier, selon l’arrière Maxime Médard. Un manque de « maîtrise », poursuit Benjamin Fall, même poste et même déception après « ces scénarios farfelus » qui tournent à chaque fois en défaveur du XV de France. « On est des compétiteurs, rassure Huget. On n’a pas peur de perdre ni peur de gagner. »
Deux victoires en neuf rencontres
Des compétiteurs en souffrance, alors. Cette année, les Français ont plus perdu que gagné. Tête basse au moment de prendre congé du public, sans avoir à fêter quoi que ce soit. Seulement deux victoires en neuf rencontres. Trop peu pour espérer accumuler cette fameuse « confiance » dont parle chaque joueur à chaque match. Il y a des mots, comme ça…
Si un rugbyman préfère parler de « confiance » plus que de « mental », la question reste pourtant la même. Elle se joue dans la tête. Par le passé, le XV de France a déjà fait appel à un préparateur mental ou apparenté : le conseiller François Peltier avant le Mondial 2011, puis le psychologue Christian Ramos pour l’édition suivante, quatre ans plus tard.
Pour la Coupe du monde 2019, Jacques Brunel préfère faire sans : « Je crois que ça ne peut avoir une incidence que si ça se fait dans le temps et plutôt à titre individuel », justifie le sélectionneur. C’est le cas, par exemple, de Maxime Médard, qui refuse d’en parler en public, comme s’il s’agissait d’une faiblesse à cacher.
Des contre-exemples existent. A commencer par celui de la Nouvelle-Zélande, double championne du monde en titre, qui fait partie de ces sélections intégrant à part entière la préparation mentale. « A titre collectif, il faut avoir une structure qui permette de le faire dans des conditions qu’aujourd’hui la fédération française ne peut pas assumer, de par l’éloignement des matchs, la non-continuité de l’action auprès des joueurs », se défend Jacques Brunel
Question de logistique, peut-être, les Néo-Zélandais passant, il est vrai, plus de jours en sélection que les Français. Question d’habitudes et de préjugés, aussi et surtout : « La France a une méconnaissance du sujet, déplore Eric Blondeau, alors que le mental fait partie des piliers comme le physique, la technique, la stratégie… »
L’homme a déjà travaillé comme préparateur mental de plusieurs équipes : avec les clubs de Clermont et Montpellier, mais aussi avec la sélection écossaise, toujours pour l’entraîneur néo-zélandais Vern Cotter. « Il faut échapper à l’emprise du mental, à l’envie de rejouer un match déjà joué. Dans le cas de l’Ecosse, au départ, les joueurs jouaient aussi avec trop d’attentes sur leurs dos. Une sorte de dette envers leur public, leur famille, le haggis, la cornemuse… »
Un peu comme ce XV de France, l’instrument et la panse de brebis en moins.
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