Entre réalisme et onirisme, le film de Kim Ui-seok évoque le malaise de la société coréenne ultracompétitive.
L’avis du « Monde » – à voir
Tel qu’il nous arrive sur les écrans français, le cinéma sud-coréen fait souvent preuve d’une férocité mordante, d’une noirceur certaine et d’une propension à l’excès, qui secouent régulièrement le flux des sorties. After My Death, premier long-métrage de Kim Ui-seok, réalisateur débutant qui fut d’abord assistant du survolté Na Hong-jin sur The Strangers (2016), mémorable polar fantastique, fait partie de ces films incisifs, travaillés par toutes sortes d’énergies, donnant à l’arrivée un objet irrégulier mais passionnant, récompensé par deux prix (meilleur film et meilleure actrice pour Jeon Yeo-bin, sa jeune interprète d’une sidérante intensité de jeu) au Festival de Busan.
En Corée du Sud, le suicide des adolescents atteint un taux deux fois plus élevé que la moyenne mondiale
After My Death s’empare d’un sujet grave, le suicide des adolescents, dans un pays où le phénomène atteint un taux deux fois plus élevé que la moyenne mondiale. Kim Ui-seok ne s’en tient pas au constat mais ausculte à travers ce fléau le malaise plus complexe d’une société coréenne hyperconcurrentielle, cynique et brutale, suscitant chez certains, notamment les plus jeunes, une pulsion de mort et des bouffées de nihilisme, qui ne sont jamais que le reflet déformé de sa propre dureté.
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