Crédit Photo : S. Toubon
« Médecins en détresse », « médecins étrangers pas chers, voilà la bonne affaire », « halte à la précarité des médecins étrangers », « les médecins de nuit veulent voir le jour »… Portant des pancartes aux propos explicites, plusieurs dizaines de praticiens à diplôme hors Union européenne (PADHUE) ont manifesté ce jeudi, criant leur mécontentement sous les fenêtres d'Agnès Buzyn, à Paris.
Sous l'impulsion de leur syndicat national (SNPADHUE), ces praticiens hospitaliers ont réclamé à nouveau leur intégration pleine et entière dans le système de santé, revendication récurrente depuis plusieurs années. Quelque 3 000 à 4 000 d'entre eux exercent sous un statut jugé « précaire » par leurs représentants syndicaux. Ils sont soutenus dans leur mobilisation par Action praticiens hôpital (APH) et le syndicat Jeunes médecins.
Exclusion de l'hôpital public
Dans le détail, jusqu’à fin 2016, des mesures dérogatoires permettaient à ceux arrivés en France avant août 2010 de valider leur diplôme en passant un examen après trois ans d'exercice. Environ 500 de ces médecins non diplômés ont été autorisés à exercer jusqu’à fin décembre 2018. Mais dernier coup de théâtre, une mesure législative qui devait donner un sursis à ces médecins en leur accordant un délai supplémentaire jusqu'au 31 décembre 2020 vient d'être retoqué par le Conseil constitutionnel. Le SNPADHUE estime que cette décision est synonyme d'« exclusion » de médecins en poste sur tout le territoire national, ce qui risque d'avoir un « impact négatif sur le bon fonctionnement » des hôpitaux publics.
Parallèlement, des milliers de PADHUE recrutés ces dernières années dans les hôpitaux en manque de personnel médical sont « confinés indéfiniment dans des statuts précaires et sans garantie professionnelle », expliquent les syndicats APH et jeunes médecins.
Reçue ce jeudi par la direction générale de l'offre de soins (DGOS), une délégation affirme avoir obtenu l'ouverture de négociations en vue d'une solution pérenne pour sortir de l'instabilité juridique l'ensemble des PADHUE. « Le gouvernement va nous proposer une solution, déclare le Dr Samia Laoudi, membre du SNPADHUE au “Quotidien”. Pour l'instant, nous ne savons pas quelle forme cela prendra, ni n'avons de date butoir. Nous savons seulement qu'un projet pour les PADHUE est à l'étude et pourrait se concrétiser dans la future loi santé, prévue au premier trimestre 2019. »
Les PADHUE se rendront à nouveau au ministère vendredi 23 novembre pour entamer le cycle de concertations.
Également mobilisée, la Fédération des praticiens de santé (FPS) organise son 21e congrès samedi 17 novembre à l'Hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP, Paris). L'avenir juridique des PADHUE devrait prendre une large place des discussions.
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