| 21.11.2018
Près d'un étudiant en médecine sur deux a souffert d'épuisement professionnel au cours de ses études – entre sa première et sa dernière année avant l'internat – selon une méta-analyse* franco-canadienne publiée dans le journal spécialisé « European Psychiatry ».
L'objectif de cette étude scientifique était de mesurer la prévalence du burn-out chez les étudiants en médecine à l'échelle mondiale. « Il y a de plus en plus de souffrance psychique chez les médecins mais aussi chez les jeunes notamment à cause de la pression de ces études », explique au « Quotidien » le Dr Boris Chaumette, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne (Paris) et coauteur de l'étude. L'équipe composée de cinq chercheurs et médecins psychiatres a analysé 24 publications scientifiques réalisées par 16 pays**, totalisant un panel de 17 431 étudiants.
Pire que prévu
Les résultats montrent que, sur l'ensemble des futurs médecins, 8 060 ont souffert d'épuisement professionnel. « Nous avons estimé la prévalence à 44,2 % », résument les auteurs. « On s'attendait à un résultat élevé de l'ordre d'un tiers, mais pas un étudiant sur deux », confie le Dr Chaumette.
Les dimensions du burn out ont été analysées (avec neuf études incluant 7 588 étudiants). Les travaux suggèrent que 40 % des carabins ont ressenti un épuisement émotionnel, sous forme de fatigue extrême due à l'exposition continue à des facteurs de stress ; 35 % ont éprouvé une « dépersonnalisation », définie comme une attitude négative, froide et détachée. Enfin, 27 % des futurs médecins déclarent une estime de soi dégradée ainsi qu'un sentiment d'inefficacité au travail. Il n'y a pas de différence significative entre les hommes et les femmes.
«Les principaux facteurs contribuant à l’épuisement professionnel des étudiants en médecine comprennent le stress lié au concours, les examens ou le coût des études, ainsi que les conditions salariales à l'hôpital liées à la charge de travail, l’exposition à la souffrance et à la mort des patients ou encore le management », détaille l'étude.
En France, plan d'action
En France une enquête d'envergure menée en 2017 sous l'impulsion de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), des syndicats d'internes (ISNAR-IMG, ISNI) et de chefs de clinique et assistants (ISNCCA) avait permis d'objectiver la prévalence des troubles psychiques touchant les jeunes médecins.
Sur près de 22 000 personnes sondées, deux étudiants en médecine sur trois se disaient anxieux (contre seulement 26 % dans la population générale). 28 % des répondants avaient une symptomatologie dépressive contre 10 % du reste des Français. Enfin, 24 % des carabins et jeunes médecins avaient déjà eu des idées suicidaires.
Les deux ministres Agnès Buzyn et Frédérique Vidal (Santé et Enseignement supérieur) ont annoncé en avril 2018 un plan d'action sur la qualité de vie des étudiants en santé. Au programme : la formation d'enseignants et d'étudiants référents sur les questions de souffrance au travail, des dispositifs de soutien et d'accompagnement (cellule SOS) ou encore un meilleur encadrement des stages hospitaliers.
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