Le terme psychopathie, ou son synonyme la sociopathie, est fréquemment utilisé par la Justice et répercuté dans les médias, alors qu’il ne s’agit pas d’un diagnostic au sens strict selon le DSM ou l’ICD (International Classification of Disease) qui utilisent plus volontiers le terme de Trouble de la Personnalité Antisociale dont la caractéristique essentielle est un mode général de mépris et de transgression des droits d'autrui et qui se définit par la présence au moins de 3 des manifestations suivantes :
1) incapacité de se conformer aux normes sociales qui déterminent les comportements légaux, comme l'indique la répétition de comportements passibles d'arrestation ;
2) tendance à tromper par profit ou par plaisir, indiquée par des mensonges répétés, l'utilisation de pseudonymes ou des escroqueries ;
3) impulsivité ou incapacité à planifier à l'avance ;
4) irritabilité ou agressivité, indiquées par la répétition de bagarres ou d'agressions ;
5) mépris inconsidéré pour sa sécurité ou celle d'autrui ;
6) irresponsabilité persistante, indiquée par l'incapacité répétée d'assumer un emploi stable ou d'honorer des obligations financières ;
7) absence de remords, indiquée par le fait d'être indifférent ou de se justifier après avoir blessé, maltraité ou volé autrui.
Les personnes qui ont une personnalité antisociale manquent souvent d'empathie et tendent à être immorales, cyniques et à mépriser les sentiments, les droits et la souffrance des autres. Elles peuvent avoir une opinion orgueilleuse et arrogante d'eux-mêmes. Elles peuvent être charmeuses, superficielles et séductrices, et avoir la parole facile. Le manque d'empathie, l'opinion orgueilleuse de soi et le charme superficiel sont des caractéristiques habituellement incluses dans les conceptions traditionnelles de la psychopathie.
Mais de nombreux professionnels ne considèrent pas la personnalité antisociale et la psychopathie comme identiques car ces derniers tirent souvent du plaisir de la violence qu’ils infligent aux autres. De plus, Britta Ostermeyer (Oklahoma) rappelait que Robert Hare, un criminologue canadien, avait constaté au départ d’une Psychopathy Checklist, une correspondance avec une dysfonction paralimbique avec anomalie du cortex frontal orbital, de l’insula, des amygdales, des régions parahippocampiques, du gyrus temporal supérieur et antérieur et du noyau cingulaire rostral, caudal et postérieur (1).
Vicente Tort Herrando (Psychiatre pénitentiaire, Espagne) rappelait de son côté que ces individus avaient fréquemment une consommation anormale en drogue et en alcool, plusieurs présentant, en outre, des traits de personnalité voisins de la schizophrénie et de certains troubles psychotiques, plus rarement de dépression ou d’anxiété, probablement liées au manque d’empathie envers leurs victimes. Lorsqu’ils sont emprisonnés, ces patients posent de nombreux problèmes aux psychiatres, notamment parce qu’ils ne suivent pas régulièrement leur traitement et abusent de substances psychotropes tout en jouant fréquemment avec des symptômes factices. Enfin, il n’est pas rare de constater chez eux des troubles de l’apprentissage et des manifestations appartenant au spectre des troubles autistiques ou du syndrome de déficit d’attention/hyperactivité rendant difficile le recours à une méthode unique de psychothérapie (2).
Quant à la violence de ces patients, elle peut prendre divers aspects, allant jusqu’à l’homicide, que l’on pourrait prévoir dans une certaine mesure, affirme Carlos Hugo Isaac Serna (Mexico) si l’on prête attention à la dynamique familiale, au niveau d’éducation, et à l’abus de drogues et d’alcool. Encore faut-il pouvoir intervenir avant l’acte… (3)
Dr Dominique-Jean Bouilliez
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