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mercredi 17 octobre 2018

Besoin d’une politique claire pour l’accès à internet en psychiatrie

Publié le 09/10/2018


Dans un discours de 2015, Barack Obama déclare que l’accès à l’Internet « ne constitue pas un luxe, mais une nécessité. » Et le Conseil des droits de l’homme des  Nations-Unies adopte en 2016 une résolution soulignant l’importance du libre accès au réseau.

Mais si l’accès à l’Internet est devenu ainsi une composante « presque ubiquitaire de la vie moderne », en permettant de « rapprocher les individus comme jamais auparavant », il persiste pourtant, rappelle un psychiatre exerçant à la prestigieuse Université Stanford (Californie, États-Unis), quelques situations où cet accès reste bloqué, notamment lors de certaines hospitalisations en psychiatrie. Il existe en effet un équilibre délicat à trouver entre le respect des libertés individuelles (imposant par principe un libre accès au réseau, comme aux autres moyens de communication et d’information) et la prise en compte de conditions particulières, liées à la maladie mentale. De la même manière, la liberté de communication peut être entravée lors de certaines pathologies : par exemple, au début d’une hospitalisation pour une anorexie mentale, les visites et les communications téléphoniques sont classiquement limitées, voire interdites. Et parmi les inconvénients d’une totale liberté d’accès à l’Internet, l’auteur mentionne le risque pour le patient d’obtenir des « informations inappropriées » ou d’une fiabilité douteuse (avec parfois une incidence préjudiciable sur l’observance thérapeutique, comme dans la fréquentation de sites contestant l’intérêt des médicaments), et surtout le risque de consulter des sites faisant la promotion du suicide.

Trouver le meilleur équilibre entre laisser faire et censure

Avec le rôle croissant des technologies numériques dans la vie quotidienne, l’auteur estime que les « prestataires de soins en psychiatrie » (médecins et institutions) doivent de plus en plus prendre en compte « les implications cliniques et juridiques de l’accès à l’Internet pour les patients hospitalisés en psychiatrie. » Cet impératif exige d’avoir « des politiques claires » sur l’utilisation d’Internet en milieu psychiatrique, et les patients concernés (notamment lors d’une hospitalisation sous contrainte) doivent être informés sur l’existence et l’application concrète de ces règles. Dans ce nécessaire encadrement, l’idéal est d’atteindre le principe des « conditions les moins restrictives » possibles, pour trouver le meilleur équilibre entre un laisser-faire total mais hasardeux, et une censure globale, peut-être utile mais illégale.

En la matière, conclut l’auteur, le meilleur guide des professionnels de santé mentale doit toujours rester « la prudence. »

Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Morris NP : Internet access for patients on Psychiatric Units. J Am Acad Psychiatry Law 2018, 46: 224–231.

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