Madame la Ministre, entendez-vous cette rumeur qui gronde, ce bruit sourd qui jaillit des entrailles de l'hôpital ? Percevez-vous les cris de colère de ceux qui y consacrent toute leur énergie ? Entrez, n'ayez pas peur, venez faire l'état des lieux avec nous, regardez les corps épuisés de ces malheureux qui oeuvrent jours et nuits pour maintenir en vie ce vieux mastodonte à l'agonie, intéressez-vous aux combats de ces désespérés en lutte avec l'impossible exercice qui consiste à conjuguer le "plus de tout" avec le "moins que rien". Plus de patients, plus de qualité, plus de travail, plus d'efficience, plus d'efficacité, plus de rendement, plus de sacrifices... Moins de moyens, moins de personnel, moins d'argent, moins de lits, moins de temps…
Ces quelques mots, j'aurais pu vous les écrire, Madame Buzyn… j'aurais également pu les adresser à votre prédécesseure et à ceux qui étaient en poste avant elle. J'ai cru en vous, je l'avoue. J'ai eu espoir que vous comprendriez le malaise qui pèse sur l'hôpital. J'ai bêtement imaginé que vous pourriez être non seulement une oreille mais aussi une voix, la voix qui porte nos revendications. J'ai pensé que, tout comme nous, vous aviez usé vos blouses dans ces couloirs aseptisés. Je me suis inventée une histoire dans laquelle nous avions la même vision du "prendre soin", le même sang qui coulait dans les veines. Je me suis lourdement trompée. L'habit ne fait pas le moine dit le proverbe… et je suis sans doute une trop grande rêveuse…
“L'hôpital public est en burn-out”, selon le président de la FHF. S'agit-il de l'hôpital ou de ceux qui y travaillent ?
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