Depuis l'annonce par la ministre du déremboursement des traitements, les groupes de pression s'alarment. Et mettent en avant des arguments bien peu scientifiques.
Ce mercredi, les sociétés savantes de neurologues et de gériatrie ont protesté contre l’annonce du déremboursement des médicaments contre la maladie d’Alzheimer, «délétère pour les patients français et leur entourage». Comme l’avait annoncé Libération, la ministre de la Santé, suivant l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS), a estimé insuffisamment efficaces ces quatre spécialités (Aricept, Ebixa, Exelon, Reminyl) et leurs génériques.
Cinq sociétés savantes et organisations professionnelles médicales le prennent mal. Ainsi, la Fédération des centres mémoire, la Fédération française de neurologie, la Société française de neurologie, la Société française de gériatrie et de gérontologie, et la Société francophone de psychogériatrie et de psychiatrie de la personne âgée s’alarment de cette mesure. «Selon plusieurs méta-analyses, les médicaments symptomatiques qui pourraient ne plus être remboursés demain ont prouvé leur efficacité sur la cognition dans la maladie d’Alzheimer, la maladie à corps de Lewy et la démence de la maladie de Parkinson»,déclarent-elles dans un communiqué. «Cet effet dont l’amplitude est modeste est démontré», affirment-elles. Et appellent à «un nouvel examen des résultats scientifiques réels» avant de prendre une décision définitive «qui isolerait la France et, surtout, serait délétère pour les patients français et leur entourage». Il est de fait cocasse que ces structures, dites scientifiques, s’opposent aux avis répétés de la Commission de la transparence qui depuis cinq ans soulignent l’inefficacité de ces molécules. L’ancien président de la Commission, le professeur Loïc Guillevin, ajoute même que «ces molécules ont plus tué qu’elles n’ont jamais aidé les patients».
Reste le cas de l'association France-Alzheimer qui a toujours défendu les médicaments. Et là encore, elle continue. «Si derrière le terme efficace, on entend guérir la maladie, bien entendu, ils ne le sont pas et ne l’ont jamais été. Par contre, si l’on parle d’un effet sur les symptômes des personnes malades, alors oui, ces médicaments sont efficaces», juge ainsi France Alzheimer. Selon l’association, «le déremboursement entraînerait une iniquité entre les familles les plus aisées et les plus démunies. Au-delà de la question de l’efficacité, la prescription des médicaments participait grandement à maintenir un lien thérapeutique entre le médecin et le patient». Certes, mais est-ce cela, la fonction d'un médicament? L'argent de ces médicaments ne pourrait-il pas être, de fait, mieux utilisé ?
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