Publié le 29/05/2018
Dans les pays à revenus faibles ou moyens, comme l’Inde, l’accès aux consultations et aux traitements psychiatriques demeure encore limité, non seulement du fait de la « pénurie globale » des psychiatres et des autres professionnels intervenant dans le domaine de la santé mentale, mais aussi en raison de la réticence (voire de la méfiance) des patients à leur égard.
Dans ces régions du monde, la plupart des malades mentaux continuent à rechercher l’aide de « guérisseurs mystiques » (faith healers) et ne comprennent pas toujours l’intérêt de s’adresser à un psychiatre ni de recourir à une approche thérapeutique de type « occidental », basée notamment sur des médicaments psychotropes.
Réalisée (avec la collaboration de chercheurs d’Allemagne et d’Autriche) dans cinq grandes villes en Inde (Chennai –anciennement Madras, Calcutta, Hyderabad, Lucknow et Bombay), une étude évalue les attitudes du public, relativement aux psychiatres et aux traitements qu’ils prescrivent. Elle révèle que ces attitudes sont « globalement négatives.» Cette perception péjorative des psychiatres en Inde affecte, plus particulièrement, les sujets les plus jeunes, ceux ayant le plus faible niveau d’études ou/et de fortes convictions religieuses.
Quant à la représentation négative des traitements psychiatriques (de type « occidental »), elle touche surtout les hommes, les sujets les plus jeunes, et ceux les moins instruits.
Ces constats confirment que la « diffusion très répandue » du phénomène de stigmatisation ne se résume pas aux préjugés regrettables à l’encontre des malades mentaux, mais concerne également les opinions sur les soignants et sur les traitements utilisés en psychiatrie. Les auteurs estiment donc que des « stratégies innovantes » sont requises en matière de politiques de santé publique, pour redorer à la fois l’image sociale des psychiatres et celle de leurs prescriptions, et combler enfin le fossé entre l’acceptation des traitements médicaux, en général, et ceux relatifs aux maladies mentales, plus spécifiquement.
Dr Alain Cohen
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire