Le poids pris par Facebook, Twitter et les algorithmes de personnalisation renforcent des tendances déjà identifiées par la psychologie sociale, observent des chercheurs.
Internet et les réseaux sociaux sont-ils des machines à enfermer les internautes dans leurs propres certitudes ? Cette question, posée dès 2011 par le penseur du Web Eli Pariser dans son ouvrage The Filter Bubble : What The Internet is Hiding from you (Les bulles filtrantes : ce qu’Internet vous cache, non traduit), est aujourd’hui au cœur de la réflexion de nombreux chercheurs du Net.
Lundi 23 avril à la Cité internationale de Lyon, où se tient jusqu’au vendredi 27 la prestigieuse conférence annuelle itinérante des professionnels d’Internet, The Web Conference, la polarisation des idées et des débats sur les réseaux sociaux a fait l’objet d’une demi-journée d’étude mêlant ingénierie du Web et psychologie sociale. Baptisée « Polarization on social media », elle a été présentée par un groupe de chercheurs en informatique de Helsinski (Finlande), Kiran Garimella, Aristides Gionis, et Michael Mathioudakis, et un ingénieur au centre de recherche informatique du Qatar, Gianmarco De Francisci Morales.
A l’origine de ces interrogations, le constat désormais très répandu qu’au lieu d’amener les internautes à échanger leurs points de vue et bâtir des théories nuancées, utopie qui a porté la démocratisation d’Internet dans les années 1990, l’émergence des réseaux sociaux et des algorithmes de recommandation a au contraire amené une radicalisation des points de vue, une exacerbation des tensions en ligne, et une impossibilité chronique à se faire entendre et respecter.
Une vieille question de psychologie sociale
Cette impasse démocratique, remarquent les chercheurs, est loin d’être une invention du Net. La question de la formation des opinions dans un contexte social a donné naissance dès les années 1950 au concept de dissonance cognitive, du psychologue Leon Festinger, qui décrit l’état de désarroi et les stratégies d’évitement face à des opinions contraires aux siennes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire