Québec, le lundi 5 février 2018 – Après les révélations à propos du producteur de cinéma américain Harvey Weinstein, nous avons assisté à une dénonciation internationale des violences sexuelles. L’un de ses outils est le « hashtag » Me Too qui a envahi les réseaux sociaux… Peut-être que naît en ce moment au Québec un mouvement similaire pour dénoncer le sort réservé aux infirmiers du monde entier.
Ainsi, dans une tribune publiée par le quotidien d’opinion québécois, Le Devoir, Marilou Gagnon et Amélie Perron, fondatrices de l’Observatoire infirmier lancent un cri d’alarme…ressemblant à s’y méprendre à celui des infirmiers français, alors que depuis plusieurs semaines, la belle province est en proie à un mouvement social inédit par son envergure dans cette profession.
Ad nauseam
« Les besoins des patients sont négligés. Les réformes et les constats d’échec s’enchaînent. La gestion du système est consternante » expliquent en préambule les deux signataires.
Elles rappellent que dans cette région, les heures supplémentaires sont obligatoires pour les infirmiers ( !) : « aucun autre groupe professionnel ne subit ce genre de violence institutionnelle ».
Elles poursuivent : « les réponses à ces actions sont prévisibles : on nous parlera ad nauseam de pénurie infirmière, un discours qui enlève toute responsabilité aux décideurs. Or, cette pénurie est complètement fabriquée : elle est le résultat direct d’une épidémie de congés de maladie, de démissions, d’absentéisme en tout genre, de gel d’embauche, de perte de postes infirmiers (à temps complet notamment), de mises à pied, d’épuisement, de remplacement du personnel infirmier par une main-d’oeuvre moins qualifiée, et d’abandon de la profession (…). Le personnel infirmier continue à être vu comme une « dépense » du système de santé, plutôt que comme sa ressource la plus essentielle. Résultat : les décideurs traitent le personnel infirmier comme une ressource jetable ».
Elles rapprochent enfin, leur mouvement, avec celui contre le sexisme : « nous connaissons une vague de dénonciations sans précédent avec #MeToo. Si #MeToo nous a appris quelque chose, c’est que, pour briser le silence, se faire respecter et dénoncer la violence subie au quotidien, des actions extraordinaires sont nécessaires pour changer les choses. Nous espérons que nous assistons ici à un mouvement qui ne disparaîtra pas de sitôt pour attirer l’attention sur cette crise et tenir les décideurs responsables de leur rôle complice dans celle-ci ».
F.H.
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