Paris, le samedi 10 février 2018 – S’il sera sans doute éclipsé par d’autres sujets, l’anonymat des donneurs de sperme devrait néanmoins probablement tenir une place importante dans les débats organisés dans le cadre des Etats généraux de bioéthique. Cette question qui a déjà beaucoup agité les spécialistes d’éthique lors des rendez-vous précédents est en effet revenue sur le devant de l’actualité après la démonstration médiatique par un avocat né grâce à un donneur de sperme de la possibilité de découvrir l’identité de son géniteur grâce aux tests actuels. Arthur Kermalvezen a profité de cette petite mise en scène pour rappeler le combat qu’il mène avec son épouse, elle aussi avocate et elle aussi née après un don de sperme, en faveur de la levée de l’anonymat des donneurs de gamètes, au nom du « droit à connaître ses origines ».
Revendication minoritaire vs opposition autoritaire
Cette revendication, bien qu’elle ne concerne en réalité qu’une minorité de personnes nées grâce à un don de sperme ou d’ovocyte anonyme, connaît une visibilité de plus en plus importante ces dernières années et hérisse généralement tant les responsables du recueil de gamètes que les spécialistes de l’âme humaine, comme le confirment deux tribunes récemment publiées sur le sujet dans le Monde. La fragilisation du secret entraînée par un accès plus facile aux tests génétiques ne peut que renforcer leur détermination à rappeler le rôle de l’anonymat ; qui ne devrait pas être confondu avec le secret.
Intentions louables
Ainsi, Jean-Philippe Wolf, responsable du Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains (CECOS) de l’hôpital Cochin se montre facilement ironique quand il aborde ce sujet. Il rappelle ainsi que l’anonymat n’a pas été considéré comme nécessaire par les pionniers du don de gamète et de sperme pour « nuire aux enfants ou à leurs parents », mais bien au contraire pour « garantir la sérénité dans leur vie familiale, ainsi que celle du donneur, ce qui est un objectif louable ». Revenir sur cette intention aurait des conséquences et des implications multiples, que le simple fait de revendiquer un « droit aux origines » pourrait ne pas parfaitement justifier.
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