«Dans beaucoup de cultures, entendre des voix est complètement naturel». Pour John Read, professeur en psychologie clinique, il serait temps d’accorder du sens aux hallucinations auditives : elles ont une «raison» d’être.
«L’idée que les voix sont les manifestations hasardeuses d’un cerveau malade, vides de sens, est un concept récent, propre aux cultures où domine le modèle médical dans le traitement de la souffrance humaine», dit John Read. Comme en réponse à son manifeste (publié dans The Conversation), un autre chercheur –l’historien James Kennaway– rappelle à bon escient cette vérité que Dieu ne se montre pas, ou rarement : il préfère se faire entendre. «Dans le buisson ardent, Moïse voit un ange mais entend la voix de Dieu : «Je suis celui qui suis» (Exode 3, 2 et 14).» De même Jésus et Jeanne d’Arc entendent Dieu. Etaient-ils fous ?
Les voix sont généralement associées à la schizophrénie
Dans un article intitulé «Celles qu’on n’entend pas sont plus douces» (publié dans la revue Terrain, numéro 68), James Kennaway raconte pourquoi et de quand date l’approche clinique du «phénomène étrange et mal compris» des hallucinations auditives. A-t-on raison de les associer à des problèmes de santé mentale ? «Le fait même que ce type d’hallucinations ne soient pas forcément vécues comme une maladie est un bon point de départ pour appréhender la question», suggère-t-il, invitant ses lecteurs à envisager d’autres grilles de lecture que celle, Occidentale, d’un trouble d’ordre neurologique. Lorsque des voix et des musiques se font entendre, «le sens qu’on leur donne» diffère selon l’époque et la culture. Pour le dire plus clairement : les hallucinations, ce n’est pas une question de santé mais d’interprètation.
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