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mardi 27 février 2018

12 % de femmes victimes de viol : des conséquences à long terme sur la santé

Charlène Catalifaud
| 26.02.2018
12 % des femmes déclarent avoir subi un viol au moins une fois au cours de leur vie, en France. C'est ce que révèle un sondage réalisé par l'Ifop pour la Fondation Jean Jaurès « pour mesurer l'ampleur des violences sexuelles et mesurer leurs effets sur la santé des victimes », mené par un questionnaire en ligne sur 2 167 femmes.
Sur les 12 % des femmes victimes d'« acte de pénétration sexuelle avec violence contrainte ou surprise » - définition légale du viol -, 7 % l'ont subi une fois et 5 % plusieurs fois. « Ce chiffre se situe au-dessus de ce que d'autres enquêtes ont mesuré par le passé », indique la Fondation Jean Jaurès*. Le contexte actuel (affaire Weinstein, #balancetonporc…), qui « a généré un phénomène de prise de conscience ou permis la levée d'un tabou chez une partie des victimes », pourrait en partie l'expliquer.

La famille ou le conjoint souvent en cause
Durant l'enfance, l'auteur du crime est une personne de l'entourage dans la majeure partie des cas, et même, dans 54 % des cas, un membre de la famille. À l'âge adulte, le coupable est le conjoint dans 49 % des cas. Quant au lieu, il s'agit dans 42 % des cas du domicile de la victime. « Se dessinent ainsi les contours d'un phénomène pesant très lourd dans l'ensemble des cas recensés : le viol domestique, qu'il soit conjugal ou familial », commente la Fondation.
Le traumatisme serait d'autant plus important qu'il a eu lieu jeune. Pour le surmonter, il n'est pas rare que les femmes recourent à des médicaments (antidépresseur, anxiolytiques, somnifère…). 43 % des femmes ayant subi un viol dans les 5 dernières années y ont eu recours.
Les effets du viol se ressentent aussi sur la satisfaction des femmes concernant leur vie. 63 % d'entre elles estiment ressentir des effets très importants ou assez importants du viol sur leur sexualité.
Le risque de tentative de suicide est ainsi multiplié par quatre chez ces femmes, fragilisées par le viol. La prévention du suicide passe donc par la prise en compte de ces violences sexuelles par les professionnels de santé.

Un recours au médecin peu fréquent
Les femmes sont pourtant peu nombreuses à recourir à l'aide médicale. 70 % des femmes n'ont pas été suivies médicalement et seules 8 % ont consulté un médecin généraliste. Là encore, on constate une différence selon l'âge : 12 % des moins de 35 ans ont été admises dans un établissement de médecine ou de chirurgie générale contre 1 % seulement chez les plus de 50 ans.
De façon générale, peu de femmes évoquent leur viol. Toutefois, les plus jeunes se tournent davantage vers un tiers ou des institutions que leurs aînées.

Les auteurs sanctionnés dans 23 % des cas seulement
Les victimes sont peu nombreuses à porter plainte (15 %). Mais les auteurs ne sont sanctionnés que dans 23 % des cas. La Fondation souligne néanmoins l'amélioration de l'accueil des victimes de violences sexistes par la police, la gendarmerie et les enquêtes judiciaires. Elle rappelle également le rôle essentiel des associations de patients, malheureusement trop méconnues, qui peuvent notamment accueillir en urgence une mère et ses enfants.
*Dans une analyse de Michel Debout (psychiatre, professeur de médecine légale au CHU de Saint-Étienne et membre fondateur de la Fondation Jean-Jaurès), Jérôme Fourquet (directeur du département « Opinion et stratégies d’entreprise », Ifop) et Chloé Morin (directrice de l'Observatoire de l'opinion de la Fondation)

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