Dans ce documentaire, Marie Dumora épouse, sans filtre, la trajectoire d’une jeune femme à trois âges de sa vie déracinée.
Belinda est filmée sans forceps, bons sentiments ou pitié mal placée. Photo New Story
A l’arrière d’une voiture sillonnant les routes alsaciennes en 2001, deux petites filles agitent chacune un mouchoir d’un vert opalin. Belinda et Sabrina sont deux sœurs - l’une a 9 ans, l’autre 10 - séparées de leurs parents qui ne peuvent les élever, arrachées aussi au foyer où elles vivaient jusque-là ensemble. Comme son titre l’indique, Belinda, documentaire réalisé par Marie Dumora, suivra la plus jeune des deux filles, allant et venant pour la cueillir à trois âges de sa vie.
La cinéaste française trace spontanément son chemin depuis vingt ans en documentant le quotidien d’une poignée d’habitants de l’Est de la France, issus de communautés souvent oubliées ailleurs, ou alors montrées seulement sous un jour stigmatisant (Strip-Tease, etc.). Son premier long métrage, Tu n’es pas un ange, en 2000, se penchait sur le cas d’adultes qui, abandonnés à la naissance, cherchaient à retrouver leurs origines. Elle y croisa le chemin de Belinda et de sa sœur, qu’elle suivit déjà dans Avec ou sans toi en 2002. Sa fidélité à ses personnages la conduit à rester comme aimantée à une figure d’un film précédent pour mieux la laisser lui tracer la voie du suivant, de l’exploration d’un territoire manouche (la Place, 2011) ou à celle de ses dynasties musiciennes (Forbach Forever, 2014).
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