Notre choix du soir. Un documentaire de « Zone interdite » porte un regard sensible sur les patients d’une unité psychiatrique (sur M6 à 21 heures).
LE MONDE | | Par Florence Rosier
Magazine sur M6 à 21 heures
C’est un film-choc qui nous plonge dans un univers occulte, un monde parallèle et clos : celui de l’internement psychiatrique. Nous voici immergés dans le quotidien des patients d’une « unité pour malades difficiles » (UMD), à Cadillac, en Gironde, l’une des dix UMD de France. Entre hôpital et prison, ce lieu accueille 86 hommes. Beaucoup ont commis des actes de violence ou de barbarie. Placés sur demande du préfet, tous « présentent pour autrui un danger tel que les soins, la surveillance et les mesures de sûreté nécessaires ne peuvent être mis en œuvre que dans une unité spécifique ».
« Ce qui frappe d’abord, en entrant ici, c’est le silence », témoigne un visiteur bénévole, qui consacre un peu de son temps à ces oubliés de la société. Le silence, mais aussi les murs imposants, les barbelés. Et toutes les serrures à ouvrir, les portes à franchir avant de pénétrer dans ce lieu, en marge de la société, qui suscite tous les fantasmes.
Parole aux patients
Ce n’est pourtant pas la première fois qu’un film pénètre au cœur d’une UMD. Mais c’est la première fois que la parole est donnée aux patients qui y sont enfermés. C’est le parti pris du documentaire d’Aymone de Chantérac, son originalité – et sa délicatesse : ces hommes aux parcours douloureux, aux actes souvent terribles, racontent leur histoire, leur maladie, leurs symptômes. Ils livrent aussi leurs espoirs et leurs manques.
Enfance cabossée, lourd passé psychiatrique, abus de substances… Dans cette cour des miracles, les regards, sombres et inquiétants, expriment la détresse et le désarroi. Les gestes sont ralentis, l’élocution souvent pâteuse – l’effet des médicaments. Certains témoignent à visage découvert. D’autres sont filmés par fragments : un œil, une bouche… « J’ai voulu montrer leur morcellement, lié à la maladie », dit la réalisatrice.
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