| 10.10.2017
Décliner l'approche personnalisée en psychiatrie, tout en impliquant davantage les médecins traitants dans le suivi des patients bipolaires : tel est le double défi qu'entend relever la Fondation Fondamental. Elle s'appuie pour cela sur son modèle de centres experts, développé depuis 2010, aujourd'hui évalué dans le cadre d'une étude parue dans la revue « Bipolar Disorder », à l'occasion de la Journée mondiale de la santé mentale.
Concrètement, les patients sont suivis en routine par leur médecin traitant (généraliste, psychiatre privé ou public) ; ce dernier les adresse une fois par an à l'un des 9 centres experts coordonnés par la Fondation, où ils sont évalués par un infirmier, un psychologue, un neuropsychologue et un psychiatre. Le centre expert adresse un bilan et des recommandations (intervention pharmaceutique, psychologique, soutien familial si besoin, hygiène de vie) aux praticiens référents, mais aussi aux patients et à tous les professionnels concernés. Le centre expert peut même aider le généraliste à adresser son patient à des intervenants psychosociaux. Le but : aider les médecins dans leur gestion des patients bipolaires, en renforçant l'empowerment (la prise d'autonomie) des patients. « Trop souvent, les médecins de premier recours, s'ils jouent un rôle de coordination pour les maladies chroniques, sont écartés pour le suivi des troubles psychiatriques », constatent les auteurs, le Pr Chantal Henry (pôle de psychiatrie et d'addictologie des hôpitaux universitaires Henri-Mondor A.-Chenevier) et coll.
L'étude longitudinale porte sur 984 patients bipolaires, suivis pendant deux ans. L'âge moyen est de 42,7 ans, et 58,8 % des patients sont des femmes. La majorité est diplômée (83,4 %) mais le taux de chômage s'élève à près de 19 % (deux fois plus qu'en population générale). La proportion des troubles anxieux s'élève à 44,5 %, et à 29,3 % pour les troubles liés à des substances toxiques. Plus de 41 % des patients ont commis au moins une tentative de suicide.
Des hospitalisations moins longues
Le nombre de jours d'hospitalisation par année a diminué de 17 jours en moyenne (un an avant inclusion) à 7,5 jours (soit 55 %) après un suivi de deux ans. Si l'on s'intéresse au sous-groupe de patients effectivement hospitalisés un an avant l'inclusion, le nombre de jours passe de 34 à 8,2. De même, le nombre d'hospitalisations fléchit (de 0,6 à 0,2).
Les patients ont montré une amélioration fonctionnelle, associée à une réduction des symptômes dépressifs, une diminution des comorbidités, notamment de l'anxiété (de 49,3 % à 39,3 % au terme du suivi) et de l'abus de substances toxiques (de 30,8 à 23,6 %), une amélioration du sommeil et une meilleure observance du traitement.
En termes de prise en charge, les auteurs soulignent une augmentation de la prescription des thymorégulateurs (de 34 à 37 %), parallèlement à une diminution des antidépresseurs (de 43,4 % à 40 %).
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