12/10/2017
Si le suicide peut à l’évidence résulter d’un état dépressif, une équipe de l’Université de Louisville (Kentucky, États-Unis) évoque une association, plus inattendue, entre le suicide et une dépression... barométrique ! Des études antérieures ayant déjà montré « des liens entre une basse pression (atmosphérique) et des troubles du comportement (y compris « des actes agressifs et des tentatives de suicide »), les auteurs ont étendu la recherche de ces associations surprenantes aux suicides accomplis.
Portant sur 714 suicides survenus en 11 ans, cette étude sur les liens entre des facteurs climatiques et le suicide est la première mettant en évidence, en Amérique du Nord, cette association épidémiologique, a priori insolite. On observe en effet un taux plus élevé de suicides quand le baromètre affiche une pression plus basse (en moyenne 29,48 pouce de mercure, soit 748,79 mm Hg), comparativement aux jours où cette pression atmosphérique est plus élevée (29,53 pouce de mercure, soit 750,06 mm Hg). Si cette différence de pression semble peu importante (puisqu’elle ne porte ainsi que sur 2 mm Hg), ce paramètre reste pertinent, car aucune relation analogue n’est par contre constatée entre le risque de suicide et d’autres données météorologiques (température et ensoleillement).
Pas de lien avec la température
À ce propos, rappelons la controverse célèbre ayant opposé, vers la fin du XIXème siècle, le sociologue Émile Durkheim aux italiens Lombroso et Ferri : ceux-ci croyaient déceler un parallèle entre la température et le taux de suicide, mais Durkheim montra que la chaleur n’avait pas d’incidence directe sur le suicide et représente en fait un exemple de fausse corrélation.
Les auteurs de cette nouvelle recherche précisent qu’« une multitude de facteurs (biologiques, psychologiques, sociaux et environnementaux) » peuvent bien sûr « intervenir dans la décision d’un passage à l’acte suicidaire. » Et que s’ils viennent ainsi de « démontrer une association significative entre une basse pression barométrique et un risque majoré de suicide », le mécanisme de cet effet (retrouvé dans d’autres études, réalisées notamment à Hong Kong et à Taïwan, en Asie) « reste encore à élucider. »
Dr Alain Cohen
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