Le Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH) revient dans plusieurs motions récemment votées en assemblée générale sur la question de la formation initiale et continue des professionnels de la discipline. Il insiste sur "les menaces" qui pèsent sur la pédopsychiatrie et craint que la réforme actuelle de la formation n'aggrave encore la situation.
Le Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH), qui tenait son assemblée générale les 3 et 4 octobre à Toulouse (Haute-Garonne), a voté à cette occasion un ensemble de motions pour l'exercice professionnel en psychiatrie dans ses différentes dimensions. Ces motions (portant sur le statut de praticien hospitalier (PH), la formation, la psychiatrie infanto-juvénile, l'expertise, l'organisation de la psychiatrie, la politique de santé mentale, les pratiques de contraintes, les risques d’amalgames entre psychiatrie et radicalisation, etc.), ont été transmises au ministère de la Santé et aux différentes instances concernées, a indiqué le syndicat à Hospimedia. Plusieurs de ces motions reviennent et insistent sur la question de la formation initiale et continue des psychiatres, non sans inquiétude.
Critiques envers la nouvelle maquette
Le SPH, "attentif aux revendications des internes et soucieux de l'avenir de la spécialité" de la pédopsychiatrie, critique certaines particularités de la nouvelle maquette de la formation des internes en psychiatrie, arrêtée en avril 2017 (lire notre dossier). Un seul semestre de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent (PEA) obligatoire pour le diplôme d'études spécialisées (DES) de psychiatrie de l'adulte est "insuffisant", souligne le syndicat. "Il faut suffisamment de postes en PEA pour que les internes de la phase socle aient tous fait un stage de PEA ; le choix de l'option PEA doit se faire tôt dans l'internat", explique-t-il. Le SPH rappelle que six semestres dans la spécialité sont requis dans la réglementation européenne et que la maquette française n'en exige que quatre. Il demande donc "deux semestres de pédopsychiatrie et une augmentation du nombre de postes d'internes en PEA". Et d'ajouter que chaque CHU doit disposer d'au moins un professeur de psychiatrie infanto-juvénile.
Au vu de la démographie "alarmante" de la profession, notamment en pédopsychiatrie, le SPH réclame par ailleurs une augmentation du numerus clausus ainsi qu'un rétablissement du stage obligatoire en psychiatrie pour les étudiants en médecine. Il critique au passage le rôle prépondérant des "exigences scolaires" de type épreuves classantes nationales (ECN) dans la sélection des futurs spécialistes, et en particulier des futurs psychiatres, ainsi que le développement du "bachotage au détriment de la formation clinique initiale et du développement personnel". Pour le syndicat, la place "incontournable des généralistes aux différents temps des prises en charge, et le développement de la collaboration entre généralistes et psychiatres rend nécessaire un enseignement clinique et une initiation à la thérapeutique psychiatrique" pendant le troisième cycle des études de médecine générale.
Une réforme qui "aggrave" la situation ?
Le syndicat déplore en outre que les praticiens "non universitaires, hospitaliers et libéraux n'aient pas été associés à la réforme du troisième cycle", et observe que la nouvelle formation s'applique "de façon très variable et non sans heurt". Or les psychiatres des hôpitaux participent à la formation des internes et veulent que "leur rôle d'enseignement soit reconnu dans leur exercice professionnel, et intégré dans les tableaux de service, en incluant en particulier les tâches de supervision requises" pour former. Le SPH soutient ainsi la participation des psychiatres non universitaires, associés à l'enseignement, et des maîtres de stage dans les commissions pédagogiques régionales, dans les commissions locales et régionales de coordination du DES, dans les commissions d'agrément et dans la commission de répartition régionale.
La profession psychiatrique "s'alarme des menaces qui pèsent sur la pédopsychiatrie", insiste le syndicat, qui "craint que la réforme actuelle aggrave encore la situation". Il relève enfin que le droit statutaire à la formation des PH est "sous-employé", alors qu'il pourrait être "pourtant un des éléments d'attractivité". Il demande en conséquent aux établissements d'informer les PH des budgets disponibles, en début d'année, pour l'exercice de ce droit. Enfin, il "exige que les décrets consolidant l'action des conseils nationaux professionnels soient rapidement publiés" pour permettre aux praticiens concernés d'exercer "un rôle véritable" dans l'organisation du développement personnel continu (DPC).
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