Cyrille Dupuis 01.12.2016
La santé sera-t-elle un sujet majeur, voire décisif, de la campagne présidentielle 2017 après avoir été quasi absente en 2007 et 2012 ?
En lançant ce jeudi un ambitieux site participatif PlacedelaSante.fr pour « décrypter les programmes » des candidats à l'Élysée en matière de protection sociale, la Mutualité française affiche en tout cas sa volonté de « donner des clés de compréhension », à l'heure où le débat se cristallise sur les propositions radicales de François Fillon.
« La santé est au cœur des préoccupations de nos concitoyens mais c'est beaucoup moins le cas des personnes qui aspirent aux plus hautes fonctions de l'État », a déclaré Thierry Beaudet, président de la FNMF, lors du lancement de ce site à Paris, en présence de trois think tanks partenaires (Fondapol, Fondation Jean Jaurès et Terra Nova). « Ce n'est pas un comparateur et il ne s'agit pas de distribuer les bons et les mauvais points, notre démarche vise à nourrir les débats et à éclairer les choix », assure le président de la Mutualité, une façon d'écarter la critique d'un positionnement partisan.
Avec Fillon, 300 euros de surcoût annuel par personne
Ouvert à tous, le site propose aux internautes de contribuer directement, de commenter les contenus ou d'interpeller les candidats. Plusieurs prétendants déjà déclarés font déjà l'objet d'un décryptage chiffré.
Ainsi, selon la Mutualité, la proposition controversée de François Fillon consistant à concentrer l'assurance-maladie sur le remboursement des affections graves et de longue durée ferait économiser « 20 milliards d'euros à la Sécu » mais se traduirait par un coût supplémentaire de 300 euros par personne et par an (soit 1 200 euros pour un couple avec deux enfants). Un montant significatif mais très éloigné au demeurant des « 3 200 euros supplémentaires par foyer pour se soigner » évoqués par Marisol Touraine.
L'AME = 0,4% des dépenses de santé...
Autre proposition évaluée : celle, portée par Jean-Luc Mélenchon, consistant à faire rembourser 100 % des dépenses de santé par l'assurance-maladie... Selon la Mutualité, 42,4 milliards d'euros seraient alors transférés sur le régime obligatoire, aboutissant à une augmentation de 35 % de la dette sociale (en l'absence de recettes supplémentaires) ou, par exemple, à une hausse de 45 % des taux de CSG sur les salaires (de 7,5 % à 10,9 %).
Quant à l'aide médicale d'État (AME), dans le viseur de plusieurs candidats (François Fillon, Marine Le Pen), la FNMF rappelle qu'elle représente seulement 0,4 % des dépenses de santé (765 millions d'euros sur 195 milliards d'euros). « Il est difficile d'évaluer l'économie potentielle » de la suppression de l'AME (éventuellement recentrée sur les urgences sanitaires), relève la Mutualité française.
Enfin, « abolir les dépassements d'honoraires » procurerait, toujours selon les calculs mutualistes, une économie moyenne de « 43 euros par personne et par an » mais une baisse moyenne de 14 % des revenus médicaux (et jusqu'à 40 % pour certains spécialistes).
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