L'Association des établissements participant au service public de santé mentale (Adesm) organise ces 24 et 25 novembre ses journées annuelles. La première journée était consacrée à une réflexion sur l'articulation entre territoires de santé mentale et parcours de soins.
"Les nouveaux horizons de la psychiatrie", tel est le thème retenu cette année pour les journées annuelles de l'Adesm, ces 24 et 25 novembre. Pour la première journée, l'axe majeur de réflexion retenu était la construction des territoires de santé mentale et leur articulation avec le parcours du soin du patient. Une thématique d'autant plus d'actualité que le décret relatif aux priorités des projets territoriaux de santé mentale est en cours de rédaction, selon Thierry Kurth, représentant la Direction générale de l'offre de soins (DGOS). Ces priorités, qui constituent l'un des quatre axes majeurs de travail du nouveau Conseil national de la santé mentale, sont la réduction du délai d'accès aux soins, l'espérance de vie des personnes atteintes de troubles sévères, la gestion des situations de crises, l'insertion et l'empowerment des patients et famille.
L'ouverture de la journée a été confiée au Dr Pierre de Haas, président de la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS), venu prédire qu'avec la multiplication des multipathologies et le développement des maisons et centres de soins, la prise en charge concertée du parcours des patients ne pourrait que se développer, notamment via la télémédecine ou la mobilité. Selon lui, l'article 69 de la loi de modernisation de notre système de santé représente une opportunité pour réunir hôpitaux et soins primaires, grâce aux projets territoriaux de santé mentale, auxquels il aimerait voir associer les maisons de santé et leur fédération.
Pour Thierry Kurth, l'évolution contextuelle, et notamment l'émergence d'une offre de psychiatrie non sectorisée et l'implication d'une diversité de partenaires croissante, implique de positionner les responsabilités respectives des différents acteurs que sont les familles, les usagers, les acteurs du logement ou encore de l'insertion. "C'est le cœur de l'article 69 de la loi de Santé : mettre la santé mentale au service de parcours de soins et de vie sécurisés, sans rupture", affirme-t-il. Et d'assurer que le niveau territorial est le niveau permettant l'association des différents acteurs, ainsi qu'un accès aux soins et des prises en charge diversifiées. "La mise en œuvre de la loi n'est pas terminée", tempère Gilles Moullec, vice-président de l'Adesm, craignant pour la pérennité du texte en cas d'alternance politique. "Il ne faudrait pas que le travail sur les textes prenne le pas sur le travail de terrain", ajoute-t-il.
Réaliser le diagnostic territorial de santé mentale
La suite des interventions a pris un tournant plus opérationnel, avec en premier lieu les docteurs Florence Perquier et Valérie Le Masson, respectivement épidémiologiste au sein du groupement hospitalier de territoire (GHT) Paris Psychiatrie-Neurosciences et médecin responsable du département d'informations médicales (DIM) du CH Sainte-Anne à Paris. Elles ont présenté l'outil développé au sein de ce GHT de cinq établissements, en croisant des données sociodémographiques parisiennes et celles issus des établissements. Entamée en 2010, cette démarche, associée à une interprétation des résultats obtenus, constitue un "outil d'aide à la décision" et leur permet de comparer quantitativement et qualitativement les files actives des différents établissements. Le Dr Sylvie Dugas, de l'ARS Bretagne, relatait quant à elle son expérience de l'autodiagnostic des parcours en psychiatrie et santé mentale, préalablement présenté par Corinne Martinez, de l'Agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (ANAP), qui a développé cet outil. De leurs expériences, elles ont acquis la conviction qu'un pilotage par les tutelles était nécessaire dans la phase de diagnostic, ne serait-ce que pour "sortir de la logique de structures et passer à une approche systémique, mettant l'usager et les aidants au cœur de la démarche", selon les mots de Corinne Martinez. "Il est difficile d'associer tout le monde", confie Sylvie Dugas, avouant avoir eu quelques difficultés à mobiliser les généralistes. "Mais la valeur ajoutée de cette démarche, c'est de réaliser un pas de côté, de sortir de la logique de structures et d'engager un début de dynamique partenariale", ajoute-t-elle.
Dans le même esprit, notons l'expérience du Collège Rhône-Alpes-Auvergne de l'information médicale (CRAIM) Psy, qui a réalisé un diagnostic territorial en santé mentale en croisant les bases de données des établissements à la démographie, au relief, à la densité de population, aux disparités de précarité, aux classes d'âges des habitants, et aux offres de soins libérales et hospitalières. Bien qu'en début d'analyses, selon Claude Marescaux, médecin responsable du Dim au CH le Vinatier à Bron (Rhône), les résultats permettent de "comparer les taux d'équipement et les taux de premier recours entre les établissements". Parmi les autres interventions, celle de Céline Vigné, directrice de l'offre de soins à l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes, qui a confié que laisser les acteurs de la santé mentale dessiner le territoire de santé mentale sans pour autant attendre le dernier moment pour apporter des corrections relève parfois d'un délicat équilibre.
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