Par Catherine Mallaval, envoyée spéciale à Nancy — 16 septembre 2016 à 18:01
Un petit panneau «Chut, naissance en cours» a été collé sur la porte. En cette fin août à Nancy, depuis 10 heures du matin, un bébé s’efforce de voir le jour dans la toute récente maison de naissance, baptisée «Un nid pour naître». Sa mère Cyrielle, fabricante de bijoux, son père Mathieu, pisciculteur, l’attendent dans l’une des deux chambres de naissance de la maison. Ils ont choisi celle de couleur mauve qui s’ouvre sur un petit jardin. Musique douce. Poster de mer avec galets. Cyrielle porte une robe longue tee-shirt, Mathieu est en short. On les entraperçoit parfois qui vont et viennent à leur guise dans la pièce équipée d’une sorte de hamac pour se suspendre, d’un gros ballon pour faire rouler son bassin, d’une baignoire où se relaxer, et pourquoi pas accoucher.
«Ça va, elle tient le coup ? Et toi ?» s’enquiert la sage-femme Floriane Stauffer à chaque fois que Mathieu pointe le bout de son nez dans la cuisine commune de la petite maison. Il opine avec un air d’«on gère». Le silence et le calme sont impressionnants. Pas un cri. Seulement quelques respirations parfois plus fortes auxquelles la sage-femme postée dans une pièce attenante est attentive. «Une atmosphère sereine est très importante, cela favorise la libération d’ocytocine si utile à l’accouchement. Mathieu sait la masser, l’aider à souffler. Et puis quand les femmes sont libres de leurs mouvements, notamment parce qu’on ne les entrave pas avec une perfusion, seule la fin de l’accouchement est bruyante», explique Floriane qui suit le couple depuis des mois en «accompagnement global à la naissance» (des consultations prénatales au suivi post-partum, en passant par la naissance).
Accompagnement global : voilà l’un des concepts piliers de ce genre d’établissements, conçus comme des alternatives aux maternités hospitalières. Ici, on pratique le «une sage-femme pour un couple», toujours la même pour créer de «vraies» relations de confiance et un futur lien «mère-père-enfant le plus optimal» ; ici, les consultations durent au moins une heure ; ici, on prône l’accouchement physiologique, c’est-à-dire le plus «naturel possible», dans la position que l’on souhaite, debout, accroupie, qu’importe. Sans péridurale mais avec des techniques douces comme l’acupuncture contre la douleur. Ici enfin, le bébé qui vient de naître est laissé à sa mère autant qu’elle le souhaite, sans bruit d’appareil, sans examens exécutés à la chaîne, mais repart chez lui avec ses parents quelques heures (six en moyenne) après la naissance. Un condensé de babacoolitude dans un monde très médicalisé ? Pas de jugement hâtif.
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