LE MONDE | | Propos recueillis par Gilles Rof
Chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent au CHU Lenval de Nice, la professeure Florence Askenazy a vu passer plus de 900 patients dans ses services depuis l’attentat qui a fait 86 morts le soir du 14 juillet sur la promenade des Anglais. Après la mobilisation d’urgence, elle appelle à la mise en place de moyens supplémentaires pour en limiter les conséquences sanitaires.
Peut-on déjà mesurer l’impact de l’attentat du 14 juillet chez les jeunes Niçois ?
Florence Askenazy : Il est trop tôt pour faire un bilan psychologique de ce qu’il s’est passé, mais je pressens que les conséquences sur la santé des enfants et des adolescents seront lourdes. Il faut prendre en compte que, depuis 1945, c’est l’acte de guerre qui a touché le plus d’enfants en France. Depuis deux mois, nos équipes ont vu plus de 900 personnes. Des enfants, des adolescents, qui viennent avec leurs parents. Des consultations assez longues qui laissent place au récit de ce qu’il s’est passé.Trois composantes ressortent : l’extrême violence de l’acte, sa longueur, avec des enfants qui ont vu leurs parents se cacher, fuir dans la panique, porter secours à des blessés… Enfin, le fait que, directement ou par capillarité, c’est l’ensemble de Nice qui est touché. Tout l’écosystème de la ville est ébranlé. C’est pour cela que je suis assez inquiète pour l’évolution de la santé des enfants et des adolescents niçois.
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