27 JUIN 2023
« Megalopolis », chez Christian Berst* – spécialiste d’Art Brut Contemporain, est une exposition de l’artiste d’Asunción (Paraguay) : Sebastian Ferreira. Découverte d’un univers citadin où délirer le monde dialogue avec une persistance surréaliste. Chronique de l’Avant-Garde.
Délirer le (son) monde
Le travail quotidien de Sebastián Ferreira consiste à représenter des cités à forte densité urbaine traversées par de multiples rues, avenues et places. Toutes ces mégalopoles imaginaires sont dessinées à partir de différentes sources ; cartes postales, livres, revues, journaux et dérives sur internet, en constituent le vivier.
La construction même des documents graphiques nous incite à penser que Sebastián Ferreira délire le monde comme l’exprimaient Deleuze & Guattari dans leur célèbre « Capitalisme et schizophrénie 1. L’Anti-Œdipe » (1972-3, Les éditions de Minuit). Serait-ce possible de ne pas évoquer le concept de « Machines désirantes » propre aux philosophes du désir ? Assurément non ! En premier lieu, rappelons que les deux compères s’opposent à réduire le désir à la « sainte famille » (mère – père – enfant) car la « production désirante » s’applique à tout un univers. « Nous délirons le monde », disent-ils encore.
Plongeons-nous dans les œuvres de cet artiste paraguayen à la lumière de cette approche. Que voyons-nous devant tant de traits saturant tout l’espace de la page ? A première vue, nous sommes face aux rêves démiurgiques d’un architecte en train d’imaginer les futures capitales de pays aux mains de dignitaires autoritaires et libéraux économiquement. La monumentalité des bâtiments « officiels » (Palais gouvernementaux, Palais de justice, etc.) de style néo-classique, les avenues à trois ou quatre voies renvoient à toutes les grandes capitales d’Amérique-du-Sud encore sous influence européenne au XIXe siècle.
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