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lundi 26 juin 2023

«Diagnostic de viol» aux épreuves de médecine, une polémique qui donne de l’espoir sur la future génération de docteurs


par Lauren Provost   publié le 24 juin 2023

Le viol n’est ni un diagnostic ni une maladie et, bonne nouvelle, les futurs médecins en sont conscients. La bronca provoquée par une erreur d’énoncé dans leurs épreuves de sixième année révèle leur maturité sur le sujet.

Un examen gynécologique à l'aide d'une caméra dans le service de médecine légale de l'hôpital de Limoges. (Burger/Phanie. AFP)
«Ravie d’apprendre que le viol est un diagnostic.» Cette étudiante en médecine a joué son avenir cette semaine. Elle fait partie des 9 000 externes de sixième année à passer les redoutées épreuves classantes nationales (ECN), le concours dont le classement déterminera l’accès à la spécialité et au CHU de son choix. Elle avait sans doute mieux à faire mardi soir, mais elle a pris le temps de discuter avec ses camarades d’une question qui en a interpellé plus d’un durant l’examen du jour.
Dans les groupes Facebook où les étudiants discutent, s’entraident ou paniquent au sujet de leurs épreuves, ils sont nombreux à commenter l’une des questions d’un dossier clinique progressif. Comprendre : un dossier qui présente un cas concret, dans lequel l’étudiant progresse de question en question. Celle qui les fait parler concerne un viol.
Un terme mal choisi

Le dossier portait sur une adolescente de 16 ans qui se présente en consultation gynécologique avec sa mère pour demander un moyen de contraception. Sa mère la décrit comme colérique, avec des changements importants d’humeur et des résultats scolaires en baisse. La patiente semble fragile et triste, peut-on lire dans le dossier. La question suivante apprend aux candidats que lors de l’échange avec le soignant, l’adolescente révèle avoir eu son premier rapport sexuel il y a quelques semaines avec un jeune homme rencontré lors d’une soirée. Elle dit avoir bu quelques verres d’alcool et l’avoir suivi. Il l’aurait emmenée dans un endroit reculé et ils auraient eu un rapport sexuel dans la rue. Elle n’a pas osé dire non alors qu’elle n’était pas d’accord et s’en veut terriblement. «Quel diagnostic évoquez-vous ?», demande-t-on aux étudiants. Une fois leur réponse entrée, la suite apparaît… «Vous évoquez un diagnostic de viol».
Un «diagnostic de viol», s’étranglent-ils sur les réseaux sociaux. «On nous demande de poser un diagnostic sur un crime, une qualification pénale», s’agacent les étudiants convaincus que le terme est mal choisi, que le viol n’est pas une maladie, et que l’enchaînement des questions est malheureux.
En relevant cette anecdote de concours et micro polémique au pays des étudiants en médecine, le but n’est pas de pointer du doigt le mauvais choix de mot du conseil scientifique qui élabore les sujets. En réalité, il y a plutôt matière à être rassuré à propos de nos futurs médecins et à louer leur grande maturité sur le sujet.

Nombreux signalements

Déjà, il est rassurant de voir les violences sexuelles être déterminantes dans les épreuves qu’ils passent. De voir la notion de consentement apparaître dans des énoncés. Il est rassurant, aussi, d’apprendre que les externes qui planchaient sur le sujet ont été nombreux à signaler la question, dans plusieurs villes de France, pour relever le souci et la faire annuler. En lisant leurs échanges en ligne à ce sujet, on ne peut être qu’impressionnés de les voir disserter sur la prise en charge des patients victimes de violences sexuelles, la bonne façon de faire, de repérer les signaux et leur connaissance du code pénal. La pédagogie avec laquelle ils rappellent à leurs camarades que le viol est «un crime, pas une maladie, ni une pathologie», et qu’ils seront bientôt médecins, «pas juges»… Voilà qui fait du bien.
Tous ces échanges dans les groupes Facebook d’étudiants qui seront médecins dans quelques jours ne font pas oublier les violences qui peuvent se produire en consultation, encore moins l’affaire Emile Daraï, gynécologue mis en examen pour violences volontaires sur au moins 32 patientes mais autorisé à reprendre ses consultations privées à l’hôpital Tenon à Paris. Il y a encore du travail. Mais les conversations de la future génération de médecins donnent définitivement de l’espoir.


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