Julia Vergely Publié le 01/03/23
Consentement, respect du corps, viol, inceste… Trois livrets, téléchargeables gratuitement en ligne, explicitent les violences sexuelles en des termes pensés pour chaque tranche d’âge. Pour que le sujet ne soit plus tabou dans la famille.
Le sujet est délicat et effraie bien des parents. Pourtant, en parler aux enfants, et le plus tôt possible, est un des meilleurs remparts à la honte et au silence. Consentement, respect du corps, harcèlement, mais aussi agression, viol, inceste… Bayard Jeunesse s’empare de tous les aspects des violences sexuelles et publie deux livrets pour répondre aux questions des enfants, selon leur âge. Mon corps est un trésor s’adresse aux tout-petits, de 3 à 7 ans ; et Stop aux violences sexuelles, aux plus de 14 ans. Ils sont accessibles en téléchargement gratuit en ligne et viennent habilement compléter le premier livret, Stop aux violences sexuelles faites aux enfants, destiné aux 7-13 ans et publié en 2018. Bien avant que les livres de Vanessa Springora et de Camille Kouchner ne viennent remuer l’opinion publique sur le sujet.
« À l’époque, beaucoup de lecteurs nous avaient raconté des histoires touchantes de discussions qui avaient pu avoir lieu grâce au livret. Nous avions eu le sentiment d’avoir été utiles et de rendre vraiment service, aux enfants comme aux parents, se souvient David Groison, directeur des titres ados de Bayard Jeunesse. Nous avons une nouvelle fois fait appel à des spécialistes du sujet pour se mettre à la bonne hauteur et ne pas brusquer les enfants, tout en leur permettant de bien comprendre les enjeux. » Les mots ont ainsi été choisis avec délicatesse et les situations, adaptées à chaque âge.
Mélanie Dupont, psychologue, et Caroline Rey Salmon, pédiatre et médecin légiste à l’unité médico-judiciaire de l’Hôtel-Dieu, ont toutes deux participé à l’écriture du livret pour les plus petits, où il est question de respect du corps. « Parfois, on ne respecte pas mon trésor, mais on me fait croire le contraire. Je le sais parce que je me sens mal. Il y a quelque chose de bizarre », peut-on lire dans le texte qui accompagne les illustrations douces de Thierry Manes. « Il s’agissait, pour aborder le consentement, de partir du corps, de l’idée d’en prendre soin, de bien le connaître, et de montrer des choses simples qui peuvent être bien reçues, aussi dans les familles où tout semble aller bien », souligne David Groison.
Pour les ados, le livret dépasse la seule question du consentement et aborde sans fard ni alarme « les situations graves où il n’est plus question de découvertes et d’amour mais d’agressions et de violences ». La psychologue Mélanie Dupont et l’avocate Anaïs Corbion ont épaulé Apolline Guichet, journaliste à Phosphore, pour dire au mieux ce qui relève de l’agression, du harcèlement ou du viol, comment porter plainte, agir si l’on est témoin, ou aider un ou une ami(e) victime… Il est martelé, à raison, que les violences sexuelles ne sont jamais la faute de la victime, et qu’il n’y a pas d’injonction à parler.
« Le dernier rapport de la Ciivise [Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants] fait encore état de 160 000 enfants victimes chaque année. C’est affolant, leur défense devrait être une priorité, s’inquiète David Groison. Chez Bayard nous sommes du côté des enfants, de tous les âges, nous avons envie de les épauler, de leur donner les bons mots, et de permettre cette conversation en famille. On leur offre un prétexte pour parler. » Les livrets, qui ont reçu le soutien du Défenseur des droits, seront distribués dans les numéros de Pomme d’Api (1 290 000 lecteurs) et de Phospore (338 000 lecteurs) du 1ᵉʳ mars.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire