par Brigitte Perucca 07.11.2022
Spécialiste de philosophie grecque classique et tardive, Anca Vasiliu vient de recevoir le Grand Prix de philosophie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre, dans laquelle elle explore les rapports entre image, langage et pensée à travers la relecture des textes anciens.
Historienne de l’art en Roumanie, vous êtes devenue philosophe en France. Quel a été le cheminement qui vous a mené de l’art propre au christianisme byzantin, à la pensée de l’Antiquité classique et tardive ?
Anca Vasiliu1. En travaillant sur l’art médiéval byzantin, j’ai été amenée à travailler sur les sources, sur les éléments d’inspiration qui ont été ceux des artistes byzantins. Je me suis rendu compte qu’il me fallait acquérir une bonne connaissance des langues anciennes pour aborder les textes et pour saisir la pensée qui les sous-tend. Cela peut sembler inhabituel, mais c’est un chemin tout naturel. J’ai donc fait le choix de reprendre des études et de me plonger dans le grec.
Ma formation en histoire de l’art a néanmoins été déterminante et même fondamentale pour comprendre les textes. J’y ai acquis une manière rigoureuse de scruter les objets et les œuvres qui m’a été précieuse. En Roumanie, les études d’histoire de l’art incluaient une formation artistique. Dessin, peinture, modelage, nous devions mettre la main à la pâte, reproduire le geste antique. Non pas pour faire de nous des plasticiens ou des artisans. Mais pour acquérir une connaissance intime des œuvres. Car le regard sur une œuvre passe aussi par la main. La pratique artistique aide à comprendre comment un objet singulier devient une œuvre universelle. Cela m’a beaucoup aidée dans l’étude des textes et des œuvres. Savoir scruter la langue donne quelque chose de plus, transforme la lecture en attisant le regard et en nourrissant l’imagination ; elle permet aussi d’accorder une attention particulière à chaque détail.
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