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lundi 28 février 2022

« Oui au masque », l’appel de certains Français à garder son masque en intérieur

Le Monde avec AFP  Publié le 26 février 2022

La levée de l’obligation du masque en intérieur à partir du lundi 28 février inquiète vivement certains épidémiologistes et associations de malades, au premier rang duquel se trouvent les personnes immunodéprimées.

Des Franciliens masqués dans la ligne 13 du métro de Paris, le 4 novembre 2020.

« Oui au masque » : vulnérables parce qu’immunodéprimés ou soucieux de protéger les plus à risque, certains Français comptent conserver leur masque en intérieur même lorsque l’obligation sera levée, avec une première étape lundi 28 février dans certains lieux clos.

De premières réactions ont surgi quand le ministre de la Santé a évoqué cette date pour la fin du masque obligatoire dans les lieux clos soumis au passe vaccinal (restaurants, cinémas, musées…), transports exceptés.

Les mots-dièse #OuiAuMasque, ou #JeGarderaiMonMasque ont fait leur apparition sur les réseaux sociaux. Des commentaires, alarmés ou critiques, n’ont pas cessé depuis. « Voilà c’est catastrophique, ma mère immunodéprimée a prévu de ne plus sortir », a ainsi tweeté cette semaine une chirurgienne. « On a tous une personne fragile dans notre entourage, jeune, diabétique. Ou autre. Arrêtons d’être égoïstes et de se rassurer en niant la réalité », a lancé un autre internaute.

Les immunodéprimés sont environ 300 000 en France. Greffés, dialysés, transplantés, atteints de certains cancers ou prenant des traitements qui affaiblissent leur système immunitaire, autant de personnes très à risque face au coronavirus et que la vaccination ne peut protéger efficacement. Pour tenter d’éviter une contamination, ils doivent donc prendre des précautions maximales.

« Quand j’ai appris la nouvelle pour le masque, j’ai bondi dans mon fauteuil. Je me suis dit : Encore une fois, on nous oublie. Nous sommes nombreux à lutter contre des cancers, mais nous sommes invisibles », raconte à l’Agence France-Presse Joëlle Kerempichon, atteinte d’un lymphome, un cancer affectant les globules blancs, principales cellules du système immunitaire.

« Cloîtrée » depuis le début de la pandémie, elle pense « vivre encore plus à l’écart, peut-être ne plus dormir avec [s]on mari » pour ne pas compromettre sa « chance » de traitement. Evelyne Marceau va, elle, plus que jamais « faire gaffe », continuer, « bien sûr, à porter le masque dans les lieux fermés », attendre « au moins un mois après mars pour assouplir, un peu, [s]es contacts et sorties ». Cette ancienne gérante de centre équestre sort d’une nouvelle chimiothérapie pour sa leucémie lymphoïde chronique et, malgré trois doses de vaccins anti-Covid, n’a aucun anticorps.

« Absence de solidarité »

« Si vous êtes immunodéprimé, attention à la boîte de Pandore avec la fin du masque en intérieur », a expliqué à l’AFP cette retraitée à la voix énergique. « Je comprends parfaitement que les gens en aient marre des restrictions », mais s’ils pouvaient être « solidaires de ceux, comme nous, vraiment dans une galère ».

Le « bas les masques est assez anxiogène pour les plus fragiles, là où les autres vont prendre avec allégresse cette liberté supplémentaire », a confirmé à l’AFP Etienne Klein, président de l’association Ellye, qui regroupe quelque 5 000 malades de lymphomes.

Ces critiques sont aussi le fait de chercheurs, comme l’épidémiologiste Dominique Costagliola qui a récemment jugé sur BFM-TV que la fin du masque obligatoire envoyait « un message d’auto-isolement aux personnes les plus à risque » et témoignait « d’absence de solidarité ». Même le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, chargé d’aiguiller l’action du gouvernement, a exprimé des inquiétudes pour les immunodéprimés.

« On peut craindre que ces personnes soient un jour ou l’autre les dernières à devoir porter un masque, ou encore à devoir rester en télétravail pour motif médical, ce qui pourrait encore amplifier les risques de stigmatisation, voire de discrimination », a-t-il averti dans une note début février.

Du côté du gouvernement, on assume le choix de la fin de l’obligation, tout en estimant que le masque ne disparaîtra pas forcément pour autant. « Peut-être que c’est un réflexe qu’un certain nombre de nos concitoyens prendront », comme les habitants des « pays d’Asie » qu’on « regardait avec des yeux un peu écarquillés parce qu’ils mettent le masque quand des épidémies apparaissent », a glissé, mardi, au Sénat le ministre de la santé Olivier Véran.


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