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L’Internet chinois s’est indigné après la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant une femme atteinte de maladie mentale enfermée et attachée par son mari. Selon le New York Times, ce scandale met en lumière des problèmes liés à la santé mentale longtemps niés ou sous-estimés en Chine.
“La vidéo était partout sur l’Internet chinois”, écrit le New York Times : on y voit “une femme d’âge moyen, dans une masure de briques sans porte, l’air hébété, sans manteau alors que nous sommes en plein hiver. Autour de son cou, une chaîne de métal qui la retient au mur.” Publiées fin janvier sur le réseau social Douyin – la version chinoise de TikTok –, les images ont choqué les internautes et soulevé de nombreuses questions : qui est cette femme ? pourquoi est-elle enchaînée ? Et “dans quelles conditions a-t-elle donné naissance aux huit enfants qui, installés dans la maison voisine, assurent qu’elle est leur mère ?”
Face à la tempête de réactions provoquée par la diffusion de ces images, les autorités de la province du Jiangsu, où a été filmée la vidéo, fin janvier, ont été poussées à réagir et à donner des informations. La femme, surnommée “Yang”, ne serait pas victime de trafic d’êtres humains et serait mariée depuis 1998. Atteinte d’une maladie mentale, elle serait sous traitement. Selon le communiqué, “sa famille s’est vu attribuer des aides supplémentaires afin qu’ils passent de belles fêtes du nouvel an lunaire”, rapporte le quotidien américain.
Loin de rassurer l’opinion, la réponse des autorités n’a fait qu’attiser son mécontentement. Cité par le New York Times, l’influent Hu Xijin, ex-rédacteur en chef du Huanqiu Shibao, tabloïd contrôlé par l’État également connu sous le nom de Global Times, a estimé qu’il suffisait d’“un peu de bon sens pour être convaincu que cette femme a subi un traitement inhumain”. Et Hu Xijin d’ajouter sur Weibo, le réseau social chinois :
Forcer une personne atteinte de troubles mentaux à avoir tant d’enfants, faire d’elle un outil de procréation, n’est-ce pas illégal ?”
La vidéo et la réaction officielle qui a suivi viennent “braquer de nouveau les projecteurs sur divers problèmes bien connus en Chine”, commente le New York Times, rappelant que la société chinoise a longtemps considéré les maladies mentales comme quelque chose de “profondément honteux”. Et bien que la vision des problèmes de santé mentale soit en train d’évoluer dans le pays, “l’accès aux soins reste pour l’essentiel limité aux grandes villes”.
“Un vaste trafic de femmes à marier”
En outre, souligne le titre, la politique de l’enfant unique a conduit à une baisse du nombre de femmes en Chine, car de nombreuses familles abandonnaient les nourrissons de sexe féminin ou décidaient d’avorter, afin de privilégier les naissances de garçons. En conséquence, “un vaste trafic de femmes à marier est apparu” :
La presse s’est fait l’écho de mariages de femmes souffrant de troubles ou de handicaps mentaux, et dont le consentement ne pouvait être établi.”
Dimanche 30 janvier, les autorités chinoises ont fait une nouvelle déclaration, affirmant avoir ouvert une enquête au sujet de M. Dong, le mari de Yang. Confronté à la détérioration de l’état de santé de son épouse, celui-ci aurait commencé à l’enfermer durant l’année 2021. Selon ce nouveau communiqué, Yang souffrirait de schizophrénie et aurait été hospitalisée depuis la diffusion de la vidéo.
Ces dernières années, rappelle le New York Times, plusieurs cas similaires ont soulevé des questions quant à la maltraitance des personnes atteintes de maladies mentales, en particulier les femmes. “En mars 2021, une autre vidéo virale donnait à voir ce qui semblait être une cérémonie de mariage, dans le Henan, entre un homme de 55 ans et une jeune fille de 20 ans atteinte d’un handicap intellectuel, en pleurs.”
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