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samedi 12 février 2022

Crématoriums : les coulisses d’un macabre commerce

par Marie Piquemal et photos Bruno Amsellem    publié le 11 février 2022

Marché français dominé par deux géants, tarifs aléatoires, récupération de métaux issus des cadavres… «Libération» raconte les dessous de cette pratique funéraire de plus en plus répandue et très peu contrôlée.

Marché français dominé par deux géants, tarifs aléatoires, récupération de métaux issus des cadavres… «Libération» raconte les dessous de cette pratique funéraire de plus en plus répandue et très peu contrôlée.

L’appareil est impressionnant. Une énorme machine, qui remplit de bas en haut une pièce d’environ 20 mètres carrés. On se croirait près d’un réacteur d’avion, avec un bruit sourd en continu, entrecoupé de décompressions d’air qui font sursauter. Christophe, grand corps sensible, est chargé de surveiller le fonctionnement de l’appareil decrémation cet après-midi-là, à Roanne, à une heure de Lyon. Nous sommes dans la salle arrière, celle que les familles ne voient pas, là où le cercueil brûle. Une partie de l’univers, opaque, des crématoriums.

A Roanne, le «créma» est niché dans un coin du nouveau cimetière. Son directeur, Pierre-Alexandre Girard, a la petite trentaine. Docteur en sociologie, il est tombé dans le funéraire par hasard et est employé par la municipalité depuis quatre ans. Une configuration plutôt rare. Le funéraire, compétence communale, est de plus en plus délégué à des boîtes privées. Sur les 198 crématoriums que l’on compte en France, seuls 14 % sont en régie directe, c’est-à-dire pilotés directement par les services municipaux comme à Roanne. Tous les autres sont gérés par des entreprises, en délégation de service public. Deux mastodontes, OGF et Funecap, dominent le marché. A eux deux, ils ont la main sur 126 crématoriums.

«Ne plus y penser»

OGF est aujourd’hui contrôlé par un fonds de pension canadien − il a été un temps détenu par un fonds d’investissement russe. Funecap, le numéro 2, est à ses trousses, en pleine croissance. Surtout depuis ce coup de maître : le groupe a décroché la gestion du crématorium du Père-Lachaise pour trente ans. L’opération s’est déroulée à la fin de l’été 2019, sans grand écho. Ce n’est pourtant pas rien. Sur pied depuis 1889, le crématorium du Père-Lachaise est le plus vieux de France. Le plus important aussi. La conseillère de Paris Danielle Simonnet (La France insoumise) a crié, tempêté tout ce qu’elle a pu : «Comment peut-on privatiser ce service public ? Dans des moments aussi sensibles que le deuil… J’ai fait tout ce que j’ai pu pour l’empêcher. J’ai alerté.» Elle raconte la difficulté à mobiliser les journalistes, à avoir des retours d’usagers aussi. «Pour une crèche, c’est facile, les parents se bougent et font pression. Mais pour un crématorium… Quand on y est confronté, on n’a qu’une chose en tête : ne plus y penser.» L’élue a contesté l’attribution du marché devant le tribunal administratif. En vain.

«Que le Père-Lachaise tombe dans les mains d’un gros groupe, ça a été un choc quand même. De se dire que si ce symbole-là est tombé, aucun de nous n’est à l’abri», dit Pierre-Alexandre Girard en marchant d’un bon pas dans le cimetière. Du regard, il désigne un bâtiment de l’autre côté de la route : un crématorium concurrent, géré par OGF. Deux crématoriums à moins de 50 mètres ? Ce n’est pas très étonnant : il n’existe pas de schéma directeur sur les installations de crématoriums en France. En principe, ouvrir un crématorium est une initiative du maire, avec autorisation du préfet, via un appel d’offres pour une délégation de service public. Mais dans les faits, l’idée leur est souvent soufflée par les entreprises elles-mêmes, en échange de promesses de rentrées d’argent. On en compte environ cinq nouveaux chaque année. Avec des disparités : cinq départements en sont toujours dépourvus. La demande est là : la crémation représente aujourd’hui quasi 40 % des funérailles, contre 1 % au début des années 80. S’ouvrent aussi, de plus en plus, des crématoriums pour animaux, un marché en plein essor.

Les tarifs pratiqués sont libres. Aucun plafond ni encadrement. Ils varient du simple au double, indépendamment du mode de gestion d’ailleurs : 532 euros à Roanne, autour de 800 euros à Béziers, qui est pourtant une société d’économie mixte, et 450 euros à Nancy (OGF). A Montussan, en Gironde, le tarif de base est à 718 euros, avec des variations : c’est plus cher pour un cercueil en chêne, 971 euros.

Pourquoi le législateur n’a-t-il pas fixé des prix plafonds ? Interrogé par Libération, le sénateur PS Jean-Pierre Sueur, l’un des rares à s’intéresser au funéraire, veut encore croire à une régulation naturelle : «Le vrai sujet, c’est la transparence des prix. Je me suis battu pour que les crématoriums soient obligés d’afficher leurs tarifs sur le site internet des municipalités. La régulation devrait se faire.» C’était en 2010.

Aujourd’hui, Michel Kawnik, président de l’Association française d’information funéraire, s’en désespère : «Des crématoriums refusent encore de donner leurs tarifs. Et on les laisse faire !» Très souvent, les familles ne sont même pas informées de leur liberté de choix, la prestation est incluse dans la facture de l’entreprise des pompes funèbres… détenue souvent par les deux mêmes mastodontes. Dans son rapport de 2019, la Cour des comptes rappelait aux mairies leur devoir de vigie : même lorsqu’elle est confiée à une entreprise privée, la gestion d’un crématorium reste une délégation de service public. La commune a donc un droit de regard, de contrôle sur les pratiques et les prix pratiqués. En théorie du moins. Marielle Gérentes, directrice générale des services à la mairie de Mably (8 000 habitants), dans la Loire, explique bien la difficulté : «Le gestionnaire nous envoie les rapports d’activité, mais encore faut-il avoir les compétences pour l’analyser ! Pour une commune de notre strate, c’est très compliqué.» Depuis des mois, elle cherche une formation pour ses agents, mais dans le catalogue public de formation continue, rien ne correspond.


Montussan, 3 500 habitants, héberge aussi un crématorium depuis quinze ans. Le maire de l’époque en a confié la gestion pour trente ans aux Virgo, l’une des rares entreprises familiales encore debout dans ce marché très sélect des «créma». Le maire, Frédéric Dupic, ne met pas le nez dans leurs affaires : «Prendre du temps pour contrôler ce qu’ils font ? Alors que ça ne rapporte rien à la commune ? Sûrement pas.» Pour lui, ce crématorium est devenu un poids. Au départ, quand son prédécesseur avait accepté le projet, la mairie percevait une taxe municipale à chaque crémation. Cela rapportait, dit-il, 140 000 euros par an à Montussan. Soit 5 % du budget de la commune. «Mais en décembre 2020, le gouvernement a supprimé cette taxe. Résultat, l’emploi d’un policier municipal pour les mises sous scellés, c’est pour notre pomme. Vous comprenez bien que je ne vais pas m’amuser à organiser des contrôles en plus…»

Mais du coup, qui surveille ce qui se passe en coulisse, après la cérémonie et le départ du cercueil dans les flammes ? La famille n’a pas accès à la partie technique. Elle récupère l’urne, une fois le processus terminé. Le devoir de contrôle incombe aux maires, en tant que délégataires. Le préfet peut aussi diligenter des contrôles de police inopinés, «au cas par cas, sur la base d’éléments objectifs, laissant supposer qu’un opérateur funéraire n’exerce pas son activité conformément aux règles en vigueur», indique le ministère de l’Intérieur. Ce type de contrôle s’effectue à quelle fréquence ? Mystère, «il n’y a pas de recensement national», répond le ministère. Aucun des six responsables de crématoriums interrogés n’a le souvenir d’un contrôle surprise.

Le respect des défunts repose donc sur la déontologie des agents. Quand on aborde le sujet, Manuel Sauveplane, le président de l’Union du pôle funéraire public, prend la mouche : «Faut arrêter, toujours laisser entendre les pires choses alors qu’on fait notre métier. Pourquoi ne mettez-vous pas en avant ce qu’on fait de bien ?» Pierre-Alexandre Girard de Roanne, plus nuancé, regrette qu’autour de la mort, la machine à fantasmes s’emballe vite. Entretenue, convient-il, par l’opacité du secteur (1). «Il faut ouvrir nos portes, dit-il. Venez.»

Surcoût «énergétique»

Cet après-midi-là, donc, à Roanne, Christophe, 56 ans, est de perm à la surveillance du four. Ici, les postes sont polyvalents : un jour, maître de cérémonie, le lendemain, porteur… Etre de surveillance lors des crémations l’ennuie. Sa mission consiste à garder un œil sur le thermomètre. Pour que le corps se consume, la température doit avoisiner les 1 000 degrés. Il est parfois nécessaire d’injecter des gaz pour augmenter la chaleur. La crémation est tout sauf un procédé naturel et écologique. Les soins au formol, souvent proposés par les pompes funèbres, n’arrangent rien. Depuis 2010, tous les crématoriums doivent être équipés de filtre à particules… «A l’époque, ils avaient obtenu un délai de huit ans pour se mettre aux normes. L’obligation n’est donc en vigueur que depuis 2018», rappelle Michel Kawnik. Les agences régionales de santé sont chargées de veiller au respect des règles sanitaires, notamment l’installation de ces filtres.

Sur le bureau de Christophe, un gros bouton rouge intrigue : «Ça, c’est pour couper l’alimentation si d’aventure la température grimpe trop.» Petite frayeur l’autre jour : le compteur flirtait autour des 1 125 degrés. «Un homme de grand gabarit», explique Christophe, en faisant carburer la machine à café. Il dit cela comme une chose qui tombe sous le sens : «Les hommes sont plus durs et longs à brûler que les femmes. Question d’os et de muscles.» Sur le côté droit du four, il montre une lucarne, accessible moyennant une contorsion. A la fin du temps réglementaire, il vérifie que la combustion est bien terminée. «Parfois, il faut rajouter un petit temps.» Certains crématoriums font payer ce surcoût «énergétique» aux familles : à Tours, par exemple : 84,90 euros pour les cercueils de plus de 2,05 mètres. Eric Dreneau, le directeur général, précise que depuis le 1er janvier, ce supplément est supprimé.

Une fois le four éteint, un agent entreprend de vider le four avec une sorte de pelle. Dans le métier, on appelle cela «les calcius», un mélange de cendre et d’os. Le four a beau carburer pendant une heure et demie à 900 degrés, les os les plus solides (le fémur ou le crâne) résistent, du moins en partie. D’un geste mécanique, Christophe transvase les calcius dans une sorte de gros entonnoir en acier, puis ajoute cinq boulards en fonte. «C’est le même principe que le tambour d’une machine à laver. On fait tourner pendant une quinzaine de minutes.» Les boulards broient les os, qui deviennent cendres.

Il reste à les passer au tamis pour enlever les résidus métalliques : les clous du cercueil, les poignées. Mais aussi des bijoux parfois, et des prothèses médicales. Broches dans les genoux, implants dentaires, prothèse de hanche… Les corps des défunts contiennent des métaux précieux (cobalt, or, titane, etc.). Ces métaux résistent à la crémation, même si leurs propriétés sont altérées. Certains changent de forme, comme l’or par exemple, qui prend l’aspect d’une pâte grise. Tout juste reconnaît-on un palais en fer d’appareil dentaire et une prothèse articulaire dans l’un des conteneurs verts, dans lesquels ils sont stockés.

D’ici quelques mois, un camion viendra les chercher. Le recyclage des métaux – et leur revalorisation − est un business. Orthometals, une entreprise néerlandaise, s’est spécialisée sur ce créneau, en «rendant service», comme elle dit, à plus de 1 250 crématoriums, dans 32 pays. La France représente 15 % du volume que l’entreprise collecte au niveau mondial. Deux ou trois fois par an, des camions sillonnent les pays pour récupérer les conteneurs. Puis convergent vers Meppel, une ville de 30 000 habitants aux Pays-Bas, avec d’immenses entrepôts, centres de tri.

«Concurrence déloyale»

«Les métaux triés sont refondus afin de perdre leur aspect d’origine. Ils trouvent une deuxième vie dans l’industrie et ne sont jamais réutilisés à des fins médicales ni orthopédiques», précise Orthometals. Qui vérifie ? «Les fonderies et laboratoires partenaires qui traitent nos métaux nous le garantissent. Les métaux triés sont fondus en billes, barres, lingots… afin de perdre leur aspect d’origine − avant de retrouver une seconde vie dans l’industrie.» Orthometals travaille en France avec plus de 90 % des crématoriums. A Mérignac (Gironde), la directrice l’assure : «Tout est cadré, avec un appel d’offres de marché public. A chaque passage, on remplit un bordereau avec le poids total. Bien sûr, cela ne permet pas de savoir ce qu’ils vont trouver, mais c’est un contrat de confiance.» Les sommes reversées d’une année à l’autre sont assez stables, dit-elle : entre 30 000 et 40 000 euros pour environ 2 900 crémations. A Toulouse, la métropole indique percevoir entre 15 000 et 20 000 euros pour 2 300 crémations. Roanne déclare 2 400 euros pour 800 crémations. A Tours, 42 000 euros pour 2 400 crémations.

Les nerfs à cran, Louis Piazza, entrepreneur français installé dans le sud de la France, rit en entendant ces chiffres. Lui aussi est dans ce business, «et ça marchait bien avant l’arrivée des Hollandais»,peste-t-il. Il est convaincu d’une escroquerie organisée, où crématoriums et élus locaux se rempliraient les poches.Dans l’entrepôt de son entreprise Europe Metal Concept (EMC), en périphérie d’Avignon, il raconte, à renfort de grands gestes, ses débuts dans le business du recyclage, via les cabinets dentaires d’abord : «L’or, des vieilles couronnes qu’ils enlèvent aux patients. Je les valorise et je leur en reverse une partie.»

Un jour, en papotant avec un dentiste installé en Espagne, ce dernier lui confie servir d’intermédiaire pour un crématorium. Trois dollars s’alignent dans la tête de l’entrepreneur. Les morts aussi ont des dents en or, des bijoux parfois, et des prothèses en métaux précieux. Il court chez son conseiller juridique, qui épluche le code civil, retourne la question dans tous les sens. «A considérer que ces métaux sont des déchets, alors est propriétaire, celui qui les détient. Donc, fonce.»

Louis Piazza tape à la porte des premiers crématoriums. Au début des années 2000, ils sont encore peu nombreux. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Les 270 000 crémations l’année dernière ont représenté 120 tonnes de métaux récupérés, selon Orthometals. Qui tempère : «Plus de la moitié sont des métaux ferreux qui ont peu de valeur.» Et l’autre moitié ? «Je n’ai pas ce chiffre», botte en touche leur représentante française. Louis Piazza passe son temps à ruminer et refaire des calculs. «C’est de la concurrence déloyale. Les Hollandais ne paient ni TVA ni taxe sur les métaux précieux. Ils passent la frontière comme des camions de déchets, et personne ne contrôle. L’argent de nos morts part aux Pays-Bas, sans aucune traçabilité.»

«Où va cet argent ?»

Depuis dix ans, il est en croisade : agence régionale de santé, parquet financier, pôle national des transferts transfrontaliers de déchets… Il multiplie les alertes et soulève au passage de vraies questions sur le statut de ces métaux. Sont-ils, à proprement parler des déchets, la propriété des défunts et donc de leurs ayants droit, ou encore de la Sécurité sociale, puisqu’ils ont été posés dans le cadre d’une opération médicale ? Première institution à répondre : le Pôle national de transferts transfrontaliers de déchets (PNTTD), en février 2019. Dans un courrier que Libération a consulté, le PNTTD avoue tomber des nues, et découvrir ces transferts de métaux. Il s’enquiert auprès de nos voisins européens. Le Portugal les classe dans la catégorie «déchets provenant de centrales électriques et autres installations de combustion, déchets non spécifiés par ailleurs». A l’inverse, les Allemands considèrent qu’ils appartiennent aux défunts : sans consentement exprès du représentant de la personne décédée, tout retrait et a fortiori tout transfert sont interdits. L’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) ne s’estime pas compétent, mais produit une note interne, soulevant des questions. «Où va cet argent ? Comment est-il tracé ?» Louis Piazza a aussi déposé plainte pour «trafic de marché public, concurrence déloyale, fraude fiscale de transfert transfrontalier sur des métaux issus de la crémation». L’enquête est toujours en cours, confirme à Libérationle parquet d’Aix-en-Provence.

De fil en aiguille, la question est remontée jusqu’au Conseil d’Etat, qui s’est prononcé en mars dernier dans un avis, resté confidentiel :«Il a estimé que les métaux issus de la crémation appartiennent aux familles», rapporte le sénateur Jean-Pierre Sueur. Pour lui, cela n’a aucun sens : «Comment peut-on imaginer rendre aux familles une prothèse ?» Le sénateur a introduit un amendement dans le projet de loi «différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification» qui vient d’être adopté cette semaine par le Parlement. «Sauf volonté contraire et non équivoque» exprimée dans le contrat obsèques, les métaux restent entre les mains des crématoriums, autorisés donc à les recycler. L’argent récolté pourra soit financer les obsèques des personnes démunies, soit être reversé à des associations d’intérêt général ou une fondation reconnue d’utilité publique, prévoit le texte.

Jusque-là, dans le flou juridique, chaque crématorium faisait ce qu’il voulait. A Bordeaux, l’argent des métaux finance un appel à projet artistique, pour décorer le jardin des souvenirs. La régie directe de Toulouse dit réintégrer l’argent dans le fonctionnement du crématorium. Louis Piazza est dubitatif : est-ce l’intégralité des sommes ? Quel contrôle est fait aux Pays-Bas ? Qu’en est-il des métaux qui ont été accumulés pendant des années par les crématoriums ? Interrogé sur ce point, un directeur de l’un d’entre eux reconnaît avoir un stock important dans des conteneurs entreposés dans le cimetière. Il nous a demandé de ne pas préciser le nom de la ville, de peur du pillage. Orthometals de son côté déclare tout faire dans les clous, et se tenir loin d’un débat national qui les dépasse. «On fait les virements là où les crématoriums nous demandent de les faire : on a parfois les RIB d’associations très diverses, une fois, ce fut à un club de foot. Ce sont des associations… Mais jamais à des particuliers», assure Orthometals, jurant que tout se passe par virement.

Les deux mastodontes, OGF et Funecap, déclarent que les sommes viennent alimenter leurs fondations d’entreprise, reconnues d’utilité publique. Sans qu’il soit possible de vérifier. Ni OGF ni Funecap n’ont accepté de communiquer les comptes de leur fondation. «Notre fondation PFG ne possède pas de rapport annuel, car elle est sous l’égide de la Fondation de France», répond OGF.Interrogée, la Fondation de France envoie dans les choux à son tour : «Nous ne publions pas les comptes individuels des 916 fondations que nous abritons.»

OGF déclare soutenir une soixantaine d’associations à travers sa fondation. Le fichier Excel, listant les projets financés, interpelle : la fondation soutient des actions pour les personnes en fin de vie, et leurs familles. Notamment via «des formations de bénévoles».Ceux-là mêmes qui vont au chevet des malades ou des résidents d’Ehpad, pour discuter et les soutenir. N’est-ce pas un moyen indirect de faire de la publicité pour le groupe ? Une évidence pour Michel Kawnik, le président de l’Association française d’information funéraire. «La fondation PFG ne participe en aucun cas à la formation des bénévoles en soins palliatifs. Elle finance seulement les associations qui sont en charge de ces formations et n’intervient à aucun moment dans leurs actions auprès des familles», se défend OGF. Olivier de Margerie, le président de Jalmalv (Jusqu’à la mort accompagner la vie), qui accompagne les personnes en soins palliatifs, est un peu plus nuancé : «Leur soutien est indirect la plupart du temps. Il est rare que ce soit des personnes d’OGF qui animent des formations, même si cela peut arriver dans certains territoires.» Louis Piazza, lui, continue son combat. Il a écrit à chacun des préfets, et au procureur de la République.

(1) Libération s’est vu notamment refuser l’entrée au salon professionnel du funéraire, organisé en novembre par la Chambre syndicale nationale de l’art funéraire. Motif : «Seuls les journalistes de la presse spécialisée sont acceptés.»


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