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mercredi 19 janvier 2022

Légère hausse des naissances et rebond de l’espérance de vie en France en 2021, malgré le Covid-19

Par   Publié le 18 janvier 2022

Le premier confinement a entraîné une chute de la fécondité, qui a ensuite été compensée. Dans son bilan annuel, publié mardi, l’Insee pointe également un rebond de l’espérance de vie, à 85,4 ans pour les femmes et 79,3 pour les hommes, après les mauvais chiffres de 2020.

Un nouveau-né à la maternité de l’hôpital des Diaconesses à Paris, le 17 novembre 2020.

Après le choc démographique de 2020, marqué par la surmortalité liée au Covid-19, c’est sur une note positive que l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a choisi de mettre l’accent dans son dernier bilan annuel, présenté mardi 18 janvier. En 2021, « la fécondité se maintient » malgré le contexte pandémique, titre ainsi l’institut de statistiques. Selon les estimations arrêtées fin novembre, 738 000 bébés sont nés en France, soit 3 000 de plus qu’en 2020, nombre en hausse de 0,4 %. La population française s’élève à 67,8 millions d’habitants au 1er janvier 2022.

Après une baisse spectaculaire des naissances enregistrée du 15 décembre 2020 au 15 février 2021, conséquence démographique directe du premier confinement, « le rebond qui a suivi en mars et avril 2021, puis la forte remontée depuis l’été ont permis de rattraper le niveau des naissances de l’année 2020, en le dépassant même légèrement », peut-on lire dans la publication. Ce sursaut inattendu « rompt avec la baisse continue des naissances qu’on connaît depuis 2015 », relève Sylvie Le Minez, chef de l’unité des études démographiques et sociales à l’Insee. « Depuis juillet, on a des niveaux très importants, qui dépassent 2020 et même 2019 en ce qui concerne les mois de septembre, octobre, et novembre », précise-t-elle. En novembre 2021, à titre d’exemple, le nombre de naissances était supérieur de 7 % à celui de novembre 2020.

Championne européenne de la fécondité

Dans le détail, des différences apparaissent par tranches d’âge. « Pendant le premier confinement, la fécondité a surtout baissé dans les tranches d’âges les plus jeunes (moins de 25 ans) et les moins jeunes (plus de 35 ans). Après cette baisse, la fécondité a remonté de façon importante plutôt dans les âges élevés », expose le démographe à l’Institut national d’études démographiques (INED) Laurent Toulemon, spécialiste de la fécondité. L’âge moyen de la maternité est de 30,9 ans, et les femmes les plus fécondes sont celles âgées de 30 à 34 ans.

A la lecture de ce bilan, il apparaît donc que le contexte anxiogène lié à l’épidémie de Covid-19 n’a eu qu’une répercussion limitée sur la fécondité des Françaises, marquée par un lent déclin ces dernières années. En 2021, l’indice conjoncturel de fécondité connaît ainsi un léger rebond, en s’établissant à 1,83 enfant par femme, contre 1,82 en 2020. (Pour rappel, il était de 2 en 2012). Une bonne nouvelle qui peut vite se transformer en sujet sensible en période électorale, tant il est courant d’associer vitalité démographique et bon état d’un pays. Or, même si cet indicateur reste à un niveau élevé, et place toujours la France en position de championne européenne de la fécondité, il ne permet cependant pas, sur le long terme, le renouvellement des générations (assuré à 2,1 enfants par femme).

Parmi les autres motifs d’espérance (relative), à l’autre extrémité du spectre démographique, se trouve le recul de la mortalité, après une hausse historique enregistrée l’année précédente, an I de la pandémie. En 2021, 657 000 personnes sont mortes, soit 12 000 de moins qu’en 2020. Cela reste toutefois « nettement plus qu’en 2019, avant la pandémie (+ 44 000, soit + 7,1 %) », souligne l’Insee. Pour approfondir la comparaison : en 2020, on enregistrait 56 000 décès supplémentaires, liés directement à la pandémie, par rapport aux projections prenant seulement en compte le vieillissement de la population et la baisse de la mortalité aux âges élevés, relevait l’institut dans son portrait social de la France publié en novembre 2021. Or, « si on fait le même exercice pour 2021, on parvient encore à 35 000 décès supplémentaires, dont 18 000 sur la première partie de l’année », indique Sylvie Le Minez. Malgré une poursuite de l’épidémie et un nombre encore indéniablement élevé de décès en 2021, la mortalité liée au SARS-CoV-2 marque cependant le pas.

Un « effet moisson »

En conséquence, l’espérance de vie, qui avait très fortement diminué en 2020, augmente de nouveau un peu en 2021, sans revenir néanmoins au niveau de 2019. Elle est de 85,4 ans pour les femmes et de 79,3 ans pour les hommes, soit une hausse respective de 0,3 et 0,2 an (après une baisse, en 2020, de 0,5 an pour les femmes et de 0,6 an pour les hommes). Incomparable cependant avec la chute enregistrée, par exemple, aux Etats-Unis. Selon des données démographiques présentées récemment, entre 2019 et 2020, les Américains ont, en effet, perdu près de deux ans d’espérance de vie, qui s’établit à 74,2 ans pour les hommes et 79,9 ans pour les femmes.

Quelles perspectives peut-on tirer à l’aune de ces données annuelles ? En France, « dans les années à venir, il se pourrait qu’on enregistre un rebond temporaire de l’espérance de vie, avec un niveau de mortalité qui baisse légèrement », anticipe Mme Le Minez, de l’Insee. Un « effet moisson », qui avait, par exemple, eu lieu après la canicule de 2003, et qui s’explique par une prévisible future baisse de la mortalité des personnes les plus fragiles, décédées prématurément en raison de la pandémie. Toutefois, sur le long terme, compte tenu du vieillissement de la population, le nombre de décès va continuer d’augmenter, pronostiquent les démographes. Un phénomène inévitable compte tenu de l’arrivée à des âges élevés des générations issues du baby-boom, dont la première fait son entrée dans la classe d’âge des plus de 75 ans, et, par conséquent, dans des âges plus à risques. « Le Covid-19 tue des personnes âgées, mais heureusement il n’en tue pas assez pour limiter le vieillissement de la population. D’ici vingt ans, il y aura de plus en plus de seniors et donc de plus en plus de décès », résume Laurent Toulemon.

Sur le long terme, dans une note publiée en novembre 2021, l’Insee révisait ses projections de population faites en 2016, à la lumière des évolutions récentes. L’institut prévoit désormais une augmentation de la population jusqu’en 2044, puis une légère diminution jusqu’en 2070. A cette date, la France devrait compter 68,1 millions d’habitants, soit 700 000 de plus qu’en 2021. Les plus de 65 ans représenteront alors 29 % de la population, contre environ un cinquième aujourd’hui : une modification importante de la pyramide des âges qui entraînera, de facto, une nouvelle répartition entre actifs et retraités.

L’Insee lance son recensement annuel

Reportée en 2021 en raison la crise sanitaire, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) lance, jeudi 20 janvier, son enquête annuelle de recensement. Réalisée par 24 000 agents recenseurs et 450 enquêteurs, en collaboration avec 8 000 communes, cette opération concerne 5 millions de logements et 9 millions d’habitants. Elle « permet de compter toutes les personnes qui habitent sur le territoire français, quelles que soient leur nationalité et leur situation administrative », à des fins de statistiques publiques, explique l’Insee. Pour cette nouvelle édition, les questionnaires Internet et papier « sont maintenant adaptés à toutes les configurations familiales » et intègrent désormais les familles homoparentales.


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