Par Chloé Leprince 21/01/2022
Comment faire parler Pierre Bourdieu vingt ans après sa mort sans risquer d'en faire un ventriloque ? Alors que des inédits paraissent sous sa signature et que ses lecteurs font le service après-vente, retour sur l'histoire d'une actualité post mortem.
Le 23 janvier 2002, Raphaël Desanti était chez lui lorsque sa compagne, partie manifester, l’avait appelé. Dans le cortège, le bruit courait que Pierre Bourdieu était mort. Le temps d’allumer la radio, et la disparition du sociologue aura sur le trentenaire un effet à la mesure de la révélation que sa découverte avait représentée : “Le monde s’effondrait, j’étais complètement abattu, je pleurais même comme si j’avais perdu un de mes parents”, écrira Desanti dans son livre Lire Bourdieu de l’usine à la fac (en 2017, aux éditions du Croquant). Des années plus tard, ce lecteur autodidacte à la scolarité bancale estimait encore qu’il “lui devait tout”. Il raconte avoir douloureusement préparé un BEP d’électromécanicien en lycée professionnel, bifurqué en devenant aide-documentaliste, pour finalement découvrir Bourdieu, et se réorienter vers des études de sociologie arrêtées en cours de route en doctorat. A la mort du sociologue, il avait dans sa bibliothèque “tout de Bourdieu et sur Bourdieu”. A peu près deux étagères, à l’époque.
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