Imaginez une planète où des centaines de bombes nucléaires auraient explosé. Imaginez une Terre devenue invivable pour les êtres de chair et d’os. Imaginez un monde où les machines se seraient approprié le pouvoir pour prendre la place des humains… Transposez ensuite ce scénario rebattu du cinéma apocalyptique dans un musée imaginaire : voici «Jusqu’ici tout va bien ? Archéologies d’un monde numérique», l’expo collapso du CentGuatre. Temps fort de Némo, la biennale des arts numériques, l’étonnant parcours conçu par Gilles Alvarez et José-Manuel Gonçalvès brosse un paysage sans l’homme - pas vraiment riant - grâce à une trentaine d’artistes. Films, expérience de réalité virtuelle, installations monumentales et sculptures dessinent un monde inquiétant qui n’est plus que le spectre de lui-même et que l’on traverse avec curiosité et frissons, en jouant à se faire peur, au beau milieu d’épaves automobiles (Tomorrow’s Borrowed-Scenery de Paul Duncombe), d’une impressionnante ville en piles usagées (Out of Power Tower de Kristof Kintera) et de cimetières non moins saisissants.